Le député malien Aliou Tounkara a demandé l’interdiction des importations ukrainiennes dans les pays du Sahel. Cette prise de position s’inscrit dans la continuité de la rupture diplomatique entre le Mali et l’Ukraine, officialisée récemment par Bamako. Dans une interview accordée au média russe Sputnik, Tounkara accuse des responsables ukrainiens de légitimer les violences armées dans la région, en particulier contre le groupe Wagner présent au Mali.
Tounkara s’appuie sur des déclarations d’un représentant du ministère ukrainien de la Défense et de l’ambassadeur ukrainien au Sénégal. Selon lui, ces propos, qui salueraient une attaque de rebelles maliens contre un convoi de Wagner, constitueraient un soutien implicite à des groupes qualifiés de terroristes par le gouvernement malien. Il y voit une ligne rouge franchie, et appelle à des mesures économiques fermes en réponse.
Cet épisode s’inscrit dans un climat diplomatique déjà marqué par une rupture avec les partenaires occidentaux traditionnels du Mali. Depuis le départ des forces françaises et le renforcement des liens avec la Russie, Bamako multiplie les signaux d’alignement sur un axe anti-occidental. L’Ukraine, proche des puissances européennes et américaines, devient à son tour une cible de cette réorientation stratégique.
En appelant à l’interdiction des produits ukrainiens à l’échelle du Sahel, Tounkara ne se limite pas à une logique nationale. Il cherche à entraîner les voisins du Mali dans un front économique contre Kiev. Toutefois, aucun autre pays sahélien n’a réagi officiellement, et les échanges commerciaux avec l’Ukraine restent faibles. L’initiative semble donc, pour l’instant, davantage symbolique que pragmatique.
Derrière cette sortie se dessine surtout une stratégie de communication politique. En ciblant l’Ukraine, Aliou Tounkara s’inscrit dans une rhétorique de rupture avec l’Occident, désormais centrale dans le discours des autorités de transition. Cette posture vise à renforcer le soutien populaire à la politique étrangère actuelle, tout en justifiant la coopération croissante avec Moscou.