Marine Le Pen est actuellement en visite au Tchad, où elle rencontre le président Mahamat Idriss Déby, dans le cadre d’un séjour marqué par le mois de Ramadan. Ce déplacement s’inscrit dans une démarche plus large de la leader du Rassemblement National (RN), qui cherche à établir un partenariat renouvelé entre la France et l’Afrique, dans un contexte où l’influence militaire française sur le continent est de plus en plus remise en question.
Fidèle à son discours souverainiste, Marine Le Pen se positionne en défenseur d’un modèle de relations franco-africaines fondé sur le respect mutuel. Alors que l’armée française a récemment quitté plusieurs pays africains, dont le Tchad, la cheffe du RN dénonce la gestion de la politique africaine par Emmanuel Macron, qu’elle qualifie de chaotique. Elle souligne les « changements de pied incessants » de l’actuel président français et ses prises de position qui ont contribué à détériorer les relations entre la France et le continent.
Les relations franco-africaines, en particulier avec le Tchad, ont toujours été marquées par un mélange de coopération militaire et d’interventions politiques. Après la fin de la guerre civile tchadienne, la France a longtemps joué un rôle clé dans le soutien au régime d’Idriss Déby, avant la réduction progressive de son engagement militaire. Cette réduction de l’influence française s’inscrit dans un contexte de montée du sentiment anti-français dans plusieurs pays africains, alimenté par des critiques concernant les anciennes pratiques néocoloniales et la gestion des crises politiques sur le continent.
À travers cette visite, Marine Le Pen cherche à se positionner comme une alternative crédible à Emmanuel Macron sur la scène internationale. Elle met en avant sa volonté de redonner de la souveraineté aux pays africains tout en réaffirmant les intérêts stratégiques de la France. Toutefois, ce discours pose la question de la faisabilité d’un tel modèle face aux nouvelles dynamiques géopolitiques en Afrique, où les puissances émergentes comme la Chine et la Russie cherchent à étendre leur influence.
L’accueil réservé à Marine Le Pen à N’Djamena semble refléter un climat favorable à ses propos. En effet, le président Mahamat Idriss Déby, qui a pris ses fonctions après la mort de son père, semble apprécier cette approche plus pragmatique de la coopération internationale. D’ailleurs, Marine Le Pen prévoit d’évoquer lors de sa visite la situation en République Démocratique du Congo (RDC) et au Soudan, où les conflits continuent de déstabiliser la région. La leader d’extrême droite a également exprimé son soutien à des sanctions contre le Rwanda, accusé de soutenir les rebelles du M23, une position qui pourrait renforcer son image de défenseur des intérêts africains face à des acteurs extérieurs.
Il s’agit de la deuxième visite de Marine Le Pen au Tchad, après celle de 2017, où elle avait été reçue par Idriss Déby alors qu’elle était en campagne présidentielle. Ce voyage de 2017 avait marqué un tournant, faisant de Marine Le Pen la première figure de l’extrême droite française à être reçue par un chef d’État africain. Cette première rencontre avait déjà posé les bases d’un rapprochement, mais c’est avec ce nouveau voyage que Marine Le Pen cherche à affirmer sa stature internationale et à poursuivre sa stratégie de repositionnement sur la scène politique africaine.