Il y a quelque temps, j’ai regardé sur la chaîne de télévision National Geographic, un documentaire présenté et commenté par le célèbre acteur américain Morgan Freeman. Il était entre autres questions de montrer comment les uns et les autres réagissent face aux pressions que la classe dominante exerce sur eux. Au cours de ce programme, mon petit esprit a été marqué par le témoignage édifiant d’une Kenyane. Mais avant de faire intervenir celle-ci, Morgan Freeman a tenu ce propos : « Face à la violence, il y a deux options, se soumettre ou résister. » Tout de suite après, il a ajouté : « Une troisième est possible : partir pour bâtir quelque chose de nouveau ». Et à cet instant, la camera de Morgan Freeman m’a transporté des Etats-Unis d’Amérique vers un village situé au Kenya. Et le détour en valait la peine. Puisqu’il s’agissait d’un village peuplé exclusivement de femmes. C’est à ce niveau qu’intervient la Kenyane mentionnée supra.
Fondatrice de ce village, elle raconte qu’elle y est arrivée en provenance d’un village voisin où les us et coutumes donnent tous les pouvoirs aux hommes. « Quand un homme se lasse d’une femme, il a le droit d’en prendre une autre et ainsi de suite. Et lorsqu’une femme ne fait pas d’enfants, elle est alors traitée telle une moins que rien. Bref au quotidien, les femmes n’ont pas droit à l’éducation scolaire et subissent diverses maltraitances. » C’est fort de toutes ces violences physiques et psychologiques qu’elle a endurées que cette « reine mère » a décidé de partir sans destination et sans crier gare. Elle a investi une terre qui était en friche. Puis a elle a été rejointe par une autre qui, ayant subi le même sort, a décidé de suivre le même chemin. Au fur et à mesure que le temps passait, les femmes ayant déserté leur village d’origine venaient grossir les rangs de celui fondé par cette pionnière.
Aujourd’hui le village compte des maisons bâties exclusivement par ses habitantes. Elles vivent de l’élevage des vaches, de l’agriculture et des bijoux qu’elles confectionnent avec des perles pour vendre aux touristes. Le plus exaltant dans ce village c’est que ces femmes y ont construit des écoles. Dans celles-ci, leurs enfants (probablement ramené de leur village d’origine) s’instruisent sans discrimination de sexe. Certainement que les garçons qui y sont formés aujourd’hui, témoigneront de la considération envers les femmes une fois adultes.
Au-delà de tout, ce documentaire m’a permis de mieux appréhender la force intrinsèque dont sont dotées les femmes. Une force qui va bien au-delà de la force physique. Une force qui sait encaisser les coups sans les rendre. Une force susceptible de voir le meilleur même dans le pire. Une force capable de faire le grand saut vers l’inconnu. Hélas, elles sont peu nombreuses à être conscientes de ce potentiel. Et quand bien même elles le sont, très peu osent se jeter à l’eau. Les plus courageuses se révoltent, les moins audacieuses subissent à contrecœur.
Mais dans l’un ou l’autre cas, l’on aboutit au même constat : telles des prisonnières, les femmes espèrent que leur geôlier leur remette les clés de leur cellule pour qu’elles s’en aillent. Peut-être dans un monde idéal cela pourrait être possible. Mais dans le contexte actuel cela relève purement et simplement d’une illusion. Car le geôlier est payé pour s’assurer que le prisonnier reste incarcéré. Pour autant, il ne faut pas désespérer. Cette situation pourra nettement s’améliorer le jour où les dames intègreront enfin que leur devenir et leur accomplissement sont à leurs pieds. Et le seul effort à fournir c’est d’oser se courber pour en prendre possession.
Alors mesdames, osez oser !
Thierry Christophe Yamb