Le Niger a nationalisé la Société des Mines du Liptako. Le président a signé une ordonnance transférant à l’État la SML, titulaire des permis aurifères de Samira Libiri et Boulondjounga. Motif avancé par le gouvernement. L’actionnaire majoritaire, McKinel Resources Limited, n’a pas honoré un engagement d’investissement de 10 millions de dollars.
Selon Niamey, six ans après la cession de 80 % du capital à McKinel en 2019, aucun plan d’investissement n’a été présenté. La SML a accumulé des arriérés fiscaux, des salaires impayés et des dettes. La production a connu des arrêts répétés. Plus de la moitié des effectifs ont été touchés par du chômage technique puis des licenciements. L’État dit avoir accordé des facilités sans résultat. La nationalisation vise à préserver un actif jugé stratégique et à capter la pleine valeur des ressources.
Cette décision intervient dans un virage de souveraineté économique lancé après le coup d’État du 26 juillet 2023. Elle survient aussi deux mois après la nationalisation de la SOMAIR, producteur historique d’uranium à Arlit. Depuis 2019, le schéma de gouvernance de la SML reposait sur SOPAMIN à 20 % et McKinel à 80 %. Les tensions État-investisseurs se sont accrues dans le secteur extractif depuis 2023.
Le gouvernement annonce un transfert intégral des actions et du patrimoine à l’État, avec indemnisation des anciens actionnaires selon la loi. Une période de gestion transitoire est attendue. Les priorités affichées sont la remise en marche sûre des installations, la régularisation sociale et fiscale, et la renégociation des débouchés. Des contentieux restent possibles si McKinel conteste l’ordonnance.
Adoptée en conseil des ministres le 19 juin, la nationalisation de SOMAIR a marqué une rupture. Niamey accuse Orano de décisions unilatérales depuis 2023. Il cite un rapatriement précipité de personnels, une tentative d’arrêt de production, une déconnexion du système informatique en décembre 2024 et la résiliation de licences. Orano détient avoir perdu le contrôle opérationnel et a saisi le CIRDI en janvier 2025. L’État critique un partage jugé déséquilibré des revenus, avec une part commerciale attribuée à Orano bien supérieure à celle de SOPAMIN.
À la SML, les salaires irréguliers, l’absence de couverture d’assurance et de cotisations sociales ont fragilisé le climat social. La relance suppose de sécuriser la trésorerie, la chaîne d’approvisionnement et les contrats. Le signal envoyé aux investisseurs est clair. Le Niger veut des partenaires capables de financer, d’exécuter et de rendre des comptes. La question sera de concilier exigence de souveraineté et attractivité du cadre minier.