Le 29 avril 2025, l’agence de notation Moody’s a décidé de maintenir la note souveraine de la République Démocratique du Congo (RDC) à B3 avec une perspective stable. Cette décision survient malgré les défis posés par le conflit continu dans les provinces de l’est du pays. Le rapport souligne néanmoins les forces économiques de la RDC, en particulier une croissance modeste mais positive, des réformes fiscales soutenues par le FMI, ainsi qu’une discipline budgétaire renforcée.
L’économie congolaise continue de montrer des signes de résilience. Selon Moody’s, la croissance devrait se maintenir à 6 % par an entre 2025 et 2027, soutenue par un secteur minier qui bénéficie de coûts d’exploitation relativement bas. Les gisements de cuivre à haute teneur et la main-d’œuvre bon marché jouent un rôle clé dans cette dynamique. Toutefois, cette croissance pourrait être moins vigoureuse qu’en 2023, principalement en raison de la volatilité des prix des matières premières et des tensions géopolitiques mondiales. La production de cuivre est estimée à 3,5 millions de tonnes en 2026, en hausse par rapport aux 3,1 millions en 2024.
Le rapport de Moody’s souligne la dépendance de la RDC aux exportations de minerais, ce qui expose le pays à des risques liés à la volatilité des prix mondiaux. En particulier, une diminution de la demande chinoise pourrait affecter négativement les recettes du pays. Le conflit prolongé dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, alimenté par des groupes rebelles comme le M23, demeure également une source majeure d’instabilité. Ce conflit pourrait perturber les opérations minières, un secteur crucial pour l’économie congolaise, et alourdir davantage les finances publiques déjà fragiles.
Les réformes fiscales mises en œuvre avec l’aide du FMI, telles que la mise en place d’un compte unique du Trésor et la facturation standardisée de la TVA, ont contribué à une amélioration significative des finances publiques. Les recettes fiscales sont passées de 12 % à 14,8 % du PIB, ce qui témoigne de la progression de la discipline budgétaire. En outre, les réserves de change de la RDC ont atteint un niveau record de 6,1 milliards de dollars à la fin de 2024, ce qui représente une couverture suffisante pour trois mois d’importations.
Cependant, plusieurs risques demeurent préoccupants. Bien que la dette publique reste modérée à 17,7 % du PIB en 2024, la faiblesse des institutions, la corruption et l’insuffisance des infrastructures restent des obstacles majeurs à la stabilité économique. Pour les investisseurs, ces facteurs créent un environnement complexe, particulièrement en raison du manque de transparence et des tensions politiques internes. Les observateurs estiment que ces risques pourraient affecter les investissements à long terme, en particulier ceux liés aux titres d’emprunt souverains.
Bien que la note B3 n’ait pas d’impact direct sur l’État, qui reste un acteur mineur sur les marchés internationaux des capitaux, elle constitue un atout pour les entreprises, notamment celles du secteur minier. Des sociétés comme Ivanhoe Mines, ayant levé 750 millions de dollars sur les marchés internationaux, ou Rawbank, la plus grande banque du pays, bénéficient de cette stabilité financière. Néanmoins, cette notation pourrait tempérer les attentes des investisseurs étrangers, notamment américains, concernant les rendements sur investissements dans le pays.
Malgré les défis actuels, Moody’s reste optimiste quant à une possible désescalade du conflit dans l’est du pays, bien que des zones importantes continuent d’être sous le contrôle du M23. La situation reste volatile et des développements futurs dans cette région stratégique de la RDC détermineront en grande partie les perspectives économiques du pays dans les années à venir. Si les négociations en cours réussissent à restaurer la stabilité, cela pourrait ouvrir la voie à une amélioration des conditions d’investissement et à une croissance économique soutenue.