Le président mozambicain Daniel Chapo a rencontré, mardi 20 mai, l’opposant Venancio Mondlane pour la deuxième fois depuis la présidentielle contestée du 9 octobre 2024. Cette entrevue, tenue dans un climat de « respect institutionnel et d’esprit patriotique », marque une nouvelle tentative de sortie de crise après plusieurs mois de tensions électorales et de manifestations violemment réprimées.
Selon un communiqué de la présidence publié le lendemain, les deux responsables politiques se sont accordés sur plusieurs mesures concrètes : mettre fin aux violences, adopter une loi d’amnistie pour les détenus liés à la crise post-électorale, garantir l’accès gratuit aux soins pour les victimes de la répression, et lancer des programmes ciblés pour les jeunes des quartiers populaires. Cette réunion s’inscrit dans le cadre du Compromis pour un dialogue inclusif signé le 5 mars entre Daniel Chapo et les principales forces politiques du pays.
Le scrutin présidentiel du 9 octobre dernier a été marqué par des accusations de fraude électorale et des manifestations massives, notamment dans la capitale Maputo. Venancio Mondlane, figure de proue de l’opposition, continue de revendiquer la victoire et de contester la légitimité de Daniel Chapo, qu’il qualifie publiquement de « chef de gouvernement » plutôt que de président. La première rencontre entre les deux hommes, le 23 mars, avait jeté les bases d’une désescalade, mais les tensions demeurent palpables.
Si ce second entretien témoigne d’une volonté partagée d’apaisement, il reste à voir si les engagements pris seront suivis d’effets durables. La loi d’amnistie, en particulier, pourrait constituer un tournant dans la résolution de la crise, à condition qu’elle soit votée rapidement et appliquée de manière équitable. Quant aux programmes sociaux promis, leur financement et leur exécution devront faire l’objet d’un suivi rigoureux.
Malgré sa participation au dialogue, Venancio Mondlane reste visé par une procédure judiciaire pour son rôle présumé dans les troubles post-électoraux. Cette situation jette une ombre sur la sincérité du processus de réconciliation. L’opposant, très actif sur les réseaux sociaux, a toutefois qualifié cette rencontre de « positive », tout en maintenant ses réserves sur la légitimité du chef de l’État.
Dans les quartiers populaires de Maputo, d’où sont partis les mouvements de contestation, les attentes sont grandes. Beaucoup espèrent que les promesses faites se traduiront par des actions concrètes, notamment en matière de justice, de santé et d’insertion des jeunes. L’opinion publique reste vigilante, consciente que cette ouverture politique, bien que bienvenue, demeure encore fragile.