Champion NBA en 2019 avec les Toronto Raptors, le Camerounais Pascal Siakam, 28 ans, s’affirme comme le patron offensif de son équipe pour sa septième saison dans la ligue. Le natif de Douala se confie avant d’affronter les New York Knicks ce lundi 16 janvier (20 heures TU), une équipe contre laquelle il a particulièrement brillé cette saison.
Vous avez marqué 52 points face aux New York Knicks le 22 décembre dernier. Racontez-nous cette soirée à part dans une carrière.
Pascal Siakam: C’est quelque chose de fou. J’étais très ému et content à la fin du match. J’ai repensé à ma jeunesse. Imaginez un petit Camerounais qui arrive un jour à ce niveau. Ce sont des choses qui n’arrivent pas tous les jours. Je suis fier de pouvoir représenter l’Afrique et le Cameroun grâce à mes performances.
Vous réalisez votre meilleure saison sur le plan statistique. Vous êtes-vous déjà senti aussi fort ?
Les années précédentes j’avais déjà eu l’opportunité de le faire, mais cette année ça se réalise. Mon équipe a vraiment besoin de moi et j’essaye de faire tout ce que je peux pour l’aider. J’ai passé beaucoup de temps durant l’été à travailler sur mon jeu. Je me suis dit : « Pourquoi ne pas essayer de faire partie des meilleurs ? ». C’est un peu mon objectif cette saison. Il y a des hauts et des bas, mais je fais mon maximum. Mon travail quotidien commence à payer.
Une deuxième participation au All-Star Game NBA, qui se déroulera à Utah le dimanche 19 février, vous y pensez ?
Bien sûr, ça me ferait très plaisir. En tant que joueur ambitieux, y participer représente quelque chose. Cependant, ma priorité reste l’équipe. Je cherche à la porter le plus haut possible. C’est mon objectif principal, mais si ça s’accompagne de consécrations personnelles, je prends.
En juin 2022, vous avez été rejoint à Toronto par Christian Koloko, drafté en 33e position. Qu’est-ce que ça fait d’évoluer au quotidien avec un autre Camerounais ?
C’est du jamais-vu. Deux jeunes de Douala en NBA en même temps, c’est historique. C’est plaisant de pouvoir faire la fierté de notre pays. Il existe une petite guerre entre Douala et Yaoundé (NDLR : d’où est originaire Joël Embiid), donc pouvoir représenter notre ville de cette manière c’est quelque chose de fou.
Quels conseils donnez-vous à votre jeune coéquipier et compatriote ?
Je répète à Christian que s’il a besoin de n’importe quoi, je suis là pour l’aider. Tous les jours, j’essaye de rester derrière lui, de l’accompagner. Je veux lui faire comprendre que la première étape est d’arriver en NBA, bien sûr, mais que le plus dur est d’y rester. Mon message est simple : il faut rester focalisé sur le travail.
Et le troisième Camerounais de NBA, Joël Embiid, vous échangez souvent avec lui ?
Oui, on échange régulièrement. Nous sommes opposés au sein de la conférence Est, lui avec les Sixers (de Philadelphie), et moi avec les Raptors, mais nous gardons le lien.
Les rumeurs prêtent à Embiid l’envie de jouer avec l’équipe de France. Et vous, quel est votre avenir avec la sélection camerounaise ?
Comme je l’ai toujours dit, si l’opportunité de jouer en sélection se présente, ça se fera avec plaisir.
Si on vous imagine aligné avec Koloko et Embiid notamment, le Cameroun possèderait de solides fondations…
Oui, ça ferait plaisir de nous voir jouer tous ensemble avec la tunique du Cameroun. Si ça arrive, ce serait tout simplement énorme.
Vous étiez 16 joueurs africains à démarrer la saison actuelle au sein d’une des 30 franchises de NBA. Est-ce encourageant pour la suite ?
Ce n’est que le début. Quand je suis arrivé en NBA (en 2016), il n’y avait qu’une poignée de joueurs africains. Le basket se développe sur le continent africain. Je pense notamment à la BAL (la Basketball Africa League, lancée en 2020 avec le soutien de la NBA) ou aux camps d’entraînement Basketball Without Borders. C’est une très bonne chose que l’Afrique soit enfin mise en valeur. Le talent est énorme sur place. J’espère aussi pouvoir inspirer des jeunes à ma modeste échelle et que les chiffres ne cessent d’augmenter à l’avenir.