Dans une déclaration retentissante, le général Abdourahamane Tiani, chef de l’État nigérien, a accusé la France de financer des bases militaires dans les pays voisins, notamment au Nigeria, dans le but de déstabiliser le Niger et l’ensemble de la région sahélienne. Lors d’une interview à la télévision publique RTN, il a également dénoncé des complicités entre l’ancien régime nigérien et certaines puissances étrangères.
Selon le général Tiani, des sommes d’argent auraient été versées par la France aux autorités nigérianes pour l’installation d’une base militaire dans l’État de Borno, une région stratégique à la frontière du Niger et du Tchad. Ces infrastructures militaires, estime-t-il, seraient conçues pour déstabiliser les pays sahéliens en favorisant des interventions étrangères. Le 19 décembre, le ministère nigérien des Affaires étrangères avait déjà dénoncé un complot impliquant des puissances étrangères, sans mentionner explicitement Paris, pointant également le rôle du Nigeria dans ces manœuvres.
Depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, les relations entre le Niger, la France et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se sont considérablement dégradées. Le gouvernement militaire dirigé par Abdourahamane Tiani accuse les anciens dirigeants d’avoir entretenu des liens de dépendance avec l’Occident, notamment Paris, tout en fermant les yeux sur les activités terroristes qui fragilisent le pays. Cette situation a exacerbé les tensions régionales, avec des accusations croisées de complots et de sabotages.
Pour faire face à ce qu’ils perçoivent comme une ingérence étrangère, le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont fondé l’Alliance des États du Sahel (AES) en juillet 2023. Ce pacte de défense mutuelle vise à réduire l’influence de la Cédéao, que ces pays considèrent comme un outil des puissances occidentales, et en particulier de la France. Cette initiative marque une volonté de renforcer leur souveraineté et de repenser les équilibres géopolitiques dans la région.
Le Nigeria, principal accusé dans cette affaire, a fermement rejeté les allégations du général Tiani. La diplomatie nigériane a qualifié ces accusations de « sans fondement » et démenti tout rôle dans des actes de déstabilisation, comme l’attaque d’un pipeline pétrolier reliant le Niger au Bénin. Ce dernier épisode, attribué à un groupe terroriste islamiste, a exacerbé les soupçons mutuels entre les deux nations.
Cette escalade de tensions reflète une fracture profonde entre les gouvernements militaires du Sahel et l’Occident. Le Niger, tout comme ses alliés régionaux, a décidé de rompre avec Paris et l’Union européenne, en demandant également le retrait des forces américaines présentes sur son territoire. Pour Abdourahamane Tiani, ces mesures radicales visent à préserver l’autonomie du pays face à une « situation de chaos » qu’il impute à des stratégies de déstabilisation orchestrées de l’extérieur.