Les participants aux assises nationales au Niger ont recommandé la mise en place d’une transition d’une durée de cinq ans, renouvelable, pour refonder le pays après le renversement du régime précédent. Ce plan de transition a été adopté à l’issue de cinq jours de travaux menés par 716 délégués, qui ont élaboré une série de propositions et de recommandations pour la reconstruction politique, économique et sociale du pays.
Les assises ont abouti à des propositions clés visant à réformer en profondeur le système politique et économique du Niger. Parmi les mesures phares, on retrouve la dissolution des partis politiques existants, la création d’une nouvelle Constitution instaurant un régime présidentiel, et une réforme du système monétaire afin de favoriser la croissance au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Un accent particulier a été mis sur la sécurité, avec la proposition de développer une unité de production d’équipements militaires et de créer des groupes d’auto-défense.
Cette recommandation s’inscrit dans un contexte de crise politique au Niger, après le coup d’État militaire du 26 juillet 2023 qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum. Depuis ce renversement, le pays traverse une période d’incertitude et de tensions, tant au niveau national qu’international. Les militaires ont pris le pouvoir, et le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) a instauré une gouvernance temporaire. Le besoin de stabilisation et de redressement est devenu une priorité pour les autorités de transition, soutenues par une partie de la population mais critiquées par d’autres acteurs locaux et internationaux.
La durée de cette transition, fixée à cinq ans renouvelables, soulève des interrogations quant à la possibilité de voir les objectifs de refondation atteints dans les délais impartis. Si la période de cinq ans semble ambitieuse, elle pourrait permettre de mener des réformes structurelles et de rétablir l’ordre, mais le chemin sera semé d’embûches. L’un des défis majeurs réside dans la gestion des relations avec les pays voisins et les organisations internationales, qui appellent à un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Le général Abdrahamane Tiani, président du CNSP, a salué le travail accompli durant ces assises et félicité l’ensemble du peuple nigérien pour sa mobilisation. Cette reconnaissance met en lumière un processus de transition où les autorités militaires cherchent à gagner la légitimité populaire, malgré les critiques de certains secteurs de la société civile. Les délégués eux-mêmes, venus de toutes les couches de la population, ont insisté sur l’importance de l’unité nationale pour faire face aux défis futurs.
Les résultats des assises témoignent d’un soutien substantiel à la transition, notamment dans un contexte où une partie de la population s’inquiète de la montée de l’instabilité dans la région du Sahel. Cependant, il reste à savoir si ces recommandations seront effectivement mises en œuvre, et comment elles seront reçues par la communauté internationale, qui pourrait conditionner son soutien à la transition par la mise en place d’élections libres et transparentes à terme. Les mois à venir seront cruciaux pour la stabilité du Niger et de ses voisins.