L’Université Abdou Moumouni de Niamey vient de franchir un cap important en inaugurant sa première unité locale de production d’engrais. Mise en place par l’Institut des Radio-Isotopes (IRI), cette installation vise à répondre à l’urgence de fertiliser les sols dégradés tout en stimulant une agriculture durable dans un pays fortement touché par la pauvreté des terres et la crise climatique.
Le projet, porté par des chercheurs locaux, ambitionne de produire des fertilisants adaptés aux besoins spécifiques des sols nigériens. Le recteur de l’université, le professeur Moussa Baraze, salue une initiative « innovante et durable », soulignant qu’en plus d’améliorer les rendements agricoles, cette unité créera des opportunités d’emploi qualifié et renforcera les capacités nationales en matière de recherche appliquée.
Le Niger fait face à une combinaison de défis structurels : une forte croissance démographique, une pression constante sur les terres arables, et une agriculture largement dépendante des précipitations. Les sols, déjà pauvres, sont soumis à une dégradation accélérée. Dans ce contexte, l’accès à des engrais abordables et écologiquement viables devient un enjeu stratégique pour assurer la sécurité alimentaire.
L’unité de production pourrait servir de modèle pour d’autres institutions du pays, voire de la région, désireuses de coupler recherche scientifique et développement local. À terme, cette initiative pourrait réduire la dépendance du Niger aux importations d’intrants agricoles, tout en développant une filière nationale centrée sur les biotechnologies environnementales.
Le choix de localiser cette production dans une université publique témoigne d’une volonté de rapprocher savoir académique et besoins concrets du terrain. Cela marque un tournant dans la manière dont les institutions de recherche africaines peuvent devenir des actrices centrales de la transformation économique et sociale.
Cette initiative illustre une tentative concrète de bâtir une résilience agricole nationale fondée sur la science, la technologie et l’innovation. À l’heure où les effets du changement climatique se font de plus en plus sentir dans le Sahel, ce type d’action ouvre la voie à une réponse endogène, pragmatique et structurante.