Le groupe français Orano a décidé de saisir la justice nigérienne pour dénoncer l’« arrestation arbitraire » et la « détention illégale » de son directeur local, Ibrahim Courmo, après les perquisitions menées dans les locaux de l’entreprise à Niamey. Dans un communiqué publié le 13 mai, Orano exprime sa « grande préoccupation » face à cette situation, survenue huit jours après la saisie de matériel informatique et de téléphones portables lors des perquisitions menées par les forces de sécurité nigériennes.
Cette arrestation intervient dans un contexte de relations déjà tendues entre Orano et le gouvernement militaire au pouvoir depuis le coup d’État de juillet 2023. Le groupe français, spécialisé dans l’exploitation de l’uranium, est implanté au Niger depuis plusieurs décennies et détient plusieurs filiales, telles que Somaïr, Cominak et Imouraren, opérant dans le secteur minier. Ces tensions sont exacerbées par la perte de contrôle opérationnel d’Orano sur ses filiales, une situation qui a conduit le groupe à engager deux procédures internationales d’arbitrage.
Orano accuse les autorités nigériennes d’agir en dehors de tout cadre légal. Selon le communiqué de l’entreprise, « ni le cadre légal ni les motifs n’ont été établis » lors de l’intervention des forces de sécurité, qui ont saisi du matériel et emmené Ibrahim Courmo sans fournir d’explications. L’entreprise se dit « indignée » par ce qu’elle considère comme une action arbitraire et extrajudiciaire. L’absence de communication avec son directeur et l’interdiction d’accès aux locaux de ses filiales alimentent la colère d’Orano, qui exige des réponses claires et légales de la part des autorités nigériennes.
Orano, dont les activités sont cruciales pour l’économie nigérienne, se trouve dans une position délicate. Le groupe a investi de manière significative dans l’exploitation de l’uranium, notamment dans le nord du pays, une région riche en ressources naturelles. Cependant, avec la montée des tensions politiques depuis le coup d’État de 2023, la compagnie se retrouve en difficulté, notamment en raison de la perte de contrôle sur ses actifs et de l’instabilité croissante dans la région.
L’avenir de la relation entre Orano et le Niger semble incertain. En plus des procédures d’arbitrage, le groupe devra probablement faire face à de nouvelles complications légales et diplomatiques. La situation pourrait également avoir des répercussions sur l’industrie de l’uranium au Niger, qui dépend largement des investissements étrangers. Le développement de l’exploitation minière dans le pays pourrait être freiné si les tensions persistent, affectant ainsi l’économie locale et les relations internationales du Niger.
Les enjeux de cette crise dépassent largement le cadre d’Orano. Le secteur minier, en particulier l’exploitation de l’uranium, joue un rôle vital dans l’économie du Niger. L’instabilité actuelle pourrait avoir des conséquences sur d’autres entreprises opérant dans le pays et affecter les relations avec les partenaires internationaux. Cette situation pourrait également modifier les dynamiques politiques internes, où les autorités militaires cherchent à affirmer leur autorité sur des secteurs stratégiques du pays.