Au Niger, le journaliste Ali Soumana, fondateur et directeur de publication de l’hebdomadaire Le Courrier, a été placé sous mandat de dépôt le lundi 8 septembre 2025 et transféré à la prison de Say, située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Niamey. Son arrestation fait suite à une plainte déposée par le Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine, à la suite de la publication d’un article mettant en cause des responsables publics dans une affaire présumée de fraude douanière.
Selon des sources judiciaires, le journaliste a été interpellé à son domicile dans la matinée du dimanche 7 septembre par la Police judiciaire, avant d’être conduit à Niamey. Il a été présenté au parquet dès le lendemain, où il a été inculpé pour diffamation, complicité de diffusion par voie de presse et électronique, ainsi que pour atteinte à la dignité humaine.
L’article à l’origine de ces poursuites, publié fin août dans Le Courrier, portait sur une affaire de fraude impliquant des cargaisons de cigarettes. Le texte évoquait des pertes douanières importantes, estimées à plusieurs milliards de francs CFA, et faisait référence à un document qui porterait la signature du Premier ministre, ce qui a conduit à la plainte.
L’arrestation d’Ali Soumana s’inscrit dans un contexte plus large de multiplication des procédures judiciaires contre des journalistes au Niger. À Dosso, Moussa Moumouni a récemment été condamné à deux ans de prison ferme, tandis que Zada Hassane Badjé, responsable de la chaîne privée Canal 3, est également détenu depuis le 25 août. Il est poursuivi pour avoir tenu des propos jugés « injurieux » envers le chef de la junte, le général Abdourahamane Tiani. Le parquet a requis cinq ans de prison ; le jugement est attendu pour le 16 septembre.
Dans un communiqué publié lundi, l’Union des journalistes de la presse libre africaine (UJPLA) a exprimé sa « vive inquiétude » face à ces évolutions et a appelé à la libération immédiate de tous les journalistes détenus.