Les autorités nigériennes ont lancé une enquête sur la vente aux enchères, aux États-Unis, d’un fragment de météorite martienne découvert dans la région d’Agadez. Cette roche spatiale, décrite comme la plus imposante jamais trouvée sur Terre, aurait été cédée pour près de 5 millions de dollars, selon un communiqué officiel du gouvernement publié le 18 juillet.
La décision a été prise lors du Conseil des ministres, présidé par le général Abdourahamane Tiani. Le gouvernement soupçonne un trafic illicite autour de cette météorite, dont la taille dépasserait de 70 % celle de tout autre échantillon martien recensé jusqu’à présent. Le ministre des Mines, celui de l’Enseignement supérieur, de la Sécurité publique et de la Justice ont été mandatés pour faire la lumière sur les conditions dans lesquelles ce bien d’intérêt scientifique et patrimonial majeur a quitté le territoire.
La météorite, provenant du désert d’Agadez, suscite de nombreuses interrogations. Comment un objet d’une telle valeur scientifique a-t-il pu être extrait, transporté puis mis en vente à l’étranger sans que les services compétents ne s’y opposent ? Le gouvernement souhaite établir s’il y a eu manquement aux procédures nationales et aux conventions internationales encadrant la préservation des ressources naturelles et du patrimoine culturel.
Cette affaire intervient dans un contexte de lutte accrue contre le pillage des ressources au Niger. Depuis plusieurs années, le pays fait face à un trafic organisé de minéraux rares, de fossiles et d’objets archéologiques, notamment dans les régions du nord. La faiblesse des contrôles sur le terrain et la porosité des frontières facilitent ces pratiques, au détriment du patrimoine national.
À ce stade, aucune arrestation n’a été annoncée, mais les autorités promettent une enquête « approfondie ». Elles souhaitent également coopérer avec les institutions scientifiques internationales pour retracer l’itinéraire de la météorite, identifier les acteurs impliqués et, si nécessaire, engager des poursuites judiciaires pour trafic de biens culturels.
En toile de fond, cette affaire illustre aussi les tensions persistantes entre l’exploitation des ressources naturelles à des fins économiques et la nécessité de protéger un patrimoine commun souvent négligé. Dans un pays où les enjeux miniers sont sensibles, cette météorite pourrait bien devenir le symbole d’une bataille plus large pour la souveraineté scientifique et culturelle du Niger.