La sénatrice nigériane Natasha Akpoti Uduaghan, suspendue de ses fonctions pour avoir dénoncé le harcèlement sexuel dont elle se dit victime de la part du président du Sénat, Godswill Akpabio, continue de se battre contre cette décision, qu’elle considère comme une tentative d’étouffer ses accusations. Son combat a pris une ampleur internationale, notamment lorsqu’elle a pris la parole lors d’une réunion à l’Union Interparlementaire des Nations Unies, où elle a dénoncé la manière dont les femmes sont systématiquement marginalisées dans la politique nigériane.
Lors de cette rencontre, le 11 mars 2025 à New York, Natasha Akpoti a exprimé son indignation face à sa suspension, qu’elle qualifie d’illégale et de répressive. Selon elle, sa suspension a été orchestrée par Godswill Akpabio après qu’elle ait rejeté ses avances et dénoncé son comportement déplacé. La sénatrice a ajouté que cette exclusion du Sénat visait à étouffer ses accusations et à réduire au silence toute voix féminine contestataire dans les sphères politiques dominées par les hommes au Nigéria.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de plus en plus préoccupant pour la représentation des femmes en politique au Nigéria. Bien que des progrès aient été réalisés ces dernières années pour promouvoir l’inclusion des femmes dans les affaires publiques, des obstacles considérables demeurent. Natasha Akpoti a précisé que sa suspension est symptomatique de la crise plus large liée à la place des femmes dans les institutions politiques nigérianes, où elles sont fréquemment exclues ou minimisées. Son cas, désormais largement médiatisé, met en lumière ces défis structurels et la résistance persistante à l’égalité des genres dans le pays.
En réponse à la situation, les autorités du Sénat ont fermement rejeté les accusations d’Akpoti, affirmant que sa suspension était liée à son comportement jugé indiscipliné et non à ses allégations de harcèlement. Cette version des faits a été formulée dans une lettre envoyée à l’Union Interparlementaire des Nations Unies, alors que les sénateurs ont exprimé leur soutien à Godswill Akpabio, espérant ainsi clore le débat et recentrer les discussions sur le travail législatif. Ce soutien institutionnel à Akpabio met en évidence les tensions au sein du Sénat, où plusieurs membres sont accusés de protéger leur président contre toute remise en question.
La bataille juridique de Natasha Akpoti se poursuit, car elle a décidé de saisir la justice nigériane pour contester sa suspension. Cette démarche pourrait ouvrir la voie à une confrontation légale qui mettra à l’épreuve la capacité du système judiciaire nigérian à traiter des affaires de harcèlement sexuel dans les sphères de pouvoir. Les résultats de ce combat juridique pourraient bien influencer l’avenir des lois sur le harcèlement au Nigéria et la place des femmes dans la politique du pays.
Le soutien croissant des activistes et des organisations de défense des droits des femmes à Natasha Akpoti suggère que cette affaire pourrait avoir des conséquences importantes sur le débat public. En dénonçant le harcèlement sexuel et la manipulation politique qu’elle a subis, Akpoti s’est érigée en symbole de la lutte pour l’égalité des sexes en politique. Cependant, il reste à voir si son combat aboutira à un changement réel dans les mentalités et les pratiques politiques nigérianes.