Nissan et Honda, deux géants de l’automobile japonaise, ont officiellement entamé des négociations en vue d’une fusion qui pourrait bouleverser l’industrie. L’objectif est clair : unir leurs forces pour relever les défis du tout-électrique, un secteur en pleine expansion dominé par Tesla et les constructeurs chinois comme BYD. Cette alliance ferait émerger le troisième groupe automobile mondial.
Avec cette fusion, Nissan et Honda envisagent de mutualiser leurs ressources pour développer des modèles électriques compétitifs, optimiser les coûts de production et sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement. Leur ambition est de créer un holding unique, prévu pour être introduit en bourse dès 2026, et de conclure un accord définitif d’ici juin 2025. Mitsubishi Motors, partenaire historique de Nissan, pourrait également rejoindre ce regroupement.
Les deux constructeurs japonais subissent une forte pression économique. Nissan, endetté et confronté à des pertes significatives, a vu ses ventes s’effondrer sur ses deux principaux marchés, les États-Unis et la Chine. Honda, bien que plus stable, cherche à combler son retard dans le domaine des véhicules 100 % électriques, un virage stratégique qu’il avait négligé au profit des hybrides. Ces difficultés reflètent un secteur automobile en pleine mutation, où la Chine est devenue le premier exportateur mondial.
Cette fusion offrirait une opportunité unique de se repositionner face à la concurrence mondiale. Cependant, le projet ne sera pas sans obstacles. Nissan devra d’abord stabiliser ses finances et répondre aux exigences de Honda, qui, grâce à une valorisation boursière nettement supérieure, entend prendre les rênes de la future entité. De plus, des experts s’interrogent sur la capacité des deux groupes à s’imposer face à des acteurs comme Tesla ou Toyota, qui dominent déjà le marché.
Ce rapprochement pourrait également redéfinir les relations entre Nissan et son ancien partenaire Renault. Malgré un désengagement progressif, Renault reste un actionnaire influent, contrôlant encore 35 % du capital de Nissan. La fusion avec Honda pourrait affaiblir davantage cette alliance historique. Par ailleurs, des tensions internes chez Nissan, alimentées par des luttes de pouvoir, compliquent la mise en œuvre de ce projet ambitieux.
Alors que Carlos Ghosn, ancien patron déchu de Nissan, doute de la viabilité de cette fusion, Honda voit en cette alliance une chance de rattraper son retard et de conquérir de nouveaux marchés. Reste à savoir si cette union permettra réellement de résoudre les défis structurels auxquels fait face Nissan ou si elle ne fera qu’accentuer les divergences entre les deux partenaires. Dans un marché automobile en pleine transformation, ce pari pourrait soit marquer un tournant, soit exacerber les difficultés.