La Confédération africaine de football (CAF) a été marquée par une influence grandissante de la FIFA, incarnée par le secrétaire général Véron Mosengo-Omba, durant le premier mandat de Patrice Motsepe. Ancien employé de la CAF, Roger témoigne des ingérences de la FIFA, notamment à travers la présence de collaborateurs suisses et italiens qui ont pris les rênes de la gestion quotidienne de l’institution. Cette influence étrangère a profondément déçu des cadres, qui ont quitté l’organisation en raison de la gestion autoritaire et des conditions de travail difficiles.
Les témoignages des anciens employés révèlent une situation où la FIFA exerçait un contrôle sans équivoque sur les affaires de la CAF. Salma, une ancienne collaboratrice, rapporte que durant ses deux années passées à la CAF, elle n’a vu Motsepe que deux fois au Caire, tandis que des responsables extérieurs à l’Afrique prenaient les décisions. L’ingérence allait au-delà des simples conseils : une personne désignée par la FIFA avait accès aux finances de la CAF, validant toutes les factures et transactions importantes.
Cette situation n’est pas arrivée par hasard. Après l’échec financier du mandat d’Ahmad Ahmad, la FIFA a cherché à redynamiser la CAF tout en sécurisant son influence sur le continent, notamment en vue des élections présidentielles à la FIFA. Patrice Motsepe, élu grâce à des arrangements soigneusement orchestrés, a été accompagné par l’imposition de Véron Mosengo-Omba, un cadre proche de Gianni Infantino. Cette nomination a marqué un tournant, car la FIFA ne se contentait plus de superviser mais dirigeait directement certains aspects de la CAF.
Le style de management de Véron Mosengo-Omba est au cœur des critiques : jugé autoritaire et toxique par plusieurs anciens cadres, il a été pointé comme responsable de départs en masse au sein de la CAF. Certains employés ont évoqué des cas de harcèlement et de pression psychologique, notamment un climat de travail difficile ayant conduit à des problèmes de santé mentale pour plusieurs collaborateurs. Cette situation a renforcé le sentiment de dépendance de la CAF vis-à-vis de la FIFA et la remise en question de son autonomie.
À l’approche de la réélection de Patrice Motsepe en mars 2025, les questions sur l’avenir de Véron Mosengo-Omba à la tête de la CAF restent ouvertes. Si certains collaborateurs estiment qu’il a fait du bon travail, notamment avec une CAN réussie et une gestion financière redressée, d’autres pointent les dérives internes liées à une gouvernance trop centralisée. Le président Motsepe, connu pour son écoute et son style de management plus inclusif, pourrait choisir de tourner la page, surtout en cas de nouvelles tensions au sein du comité exécutif de la CAF.
Le bilan de Patrice Motsepe à la tête de la CAF reste partagé. D’un côté, la CAF a réussi à annuler une dette de 140 millions de dollars, à attirer davantage d’investissements et à moderniser les compétitions. De l’autre, la question de l’autonomie de la CAF et de ses rapports avec la FIFA reste épineuse. Si la gestion de Motsepe a indéniablement apporté des résultats financiers, l’ombre de la FIFA plane encore sur l’avenir de l’organisation. Une nouvelle ère pourrait-elle voir la CAF plus indépendante et tournée vers les enjeux africains ? Seul l’avenir le dira.