La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a déployé, jeudi 3 octobre, quinze observateurs électoraux en Côte d’Ivoire, en prévision de l’élection présidentielle prévue le 25 octobre prochain. Ces experts, issus des États membres de l’organisation, auront pour mission de suivre le processus électoral jusqu’au 29 octobre, afin d’évaluer la transparence et la crédibilité du scrutin.
Cette mission, approuvée par le président de la Commission de la Cédéao, Dr Omar Alieu Touray, s’inscrit dans le cadre des instruments juridiques de l’organisation visant à garantir la démocratie et la bonne gouvernance dans la sous-région. Elle repose sur plusieurs textes fondateurs, notamment le Traité révisé de 1993, le Mécanisme de prévention et de gestion des conflits de 1999, ainsi que le Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance de 2001. À travers ce déploiement, la Cédéao entend contribuer à la stabilité politique de la Côte d’Ivoire dans une période électorale sensible.
Le Conseil constitutionnel ivoirien a validé, le 8 septembre, la liste définitive de cinq candidats. Parmi eux figure le président sortant Alassane Ouattara, candidat du RHDP, dont la candidature pour un quatrième mandat est vivement contestée par l’opposition, qui la juge « anticonstitutionnelle ». Les autres prétendants sont Jean-Louis Billon du CODE, Simone Ehivet Gbagbo du MGC, Henriette Lagou du GP-PAIX et l’indépendant Ahoua Don-Mello Jacob. Cette configuration laisse présager une campagne électorale polarisée, marquée par des tensions politiques et sociales latentes.
En déployant une mission d’observation à long terme, la Cédéao souhaite prévenir toute dérive susceptible de compromettre la légitimité du scrutin. L’organisation compte évaluer l’ensemble du processus, de la campagne à la proclamation des résultats, en identifiant les éventuelles irrégularités. Ce suivi continu permettra de formuler des recommandations pour renforcer la confiance des acteurs politiques et de la population dans les institutions électorales.
Le déploiement de cette mission s’ajoute à d’autres initiatives d’observation régionale et internationale, dont celles de l’Union africaine et de l’Union européenne. Ces organisations espèrent que la Côte d’Ivoire parviendra à organiser un scrutin pacifique, transparent et inclusif. Dans un contexte où les tensions politiques restent vives, leur présence vise à encourager le dialogue et à dissuader tout recours à la violence.
Vingt ans après la crise politico-militaire et dix ans après les violences postélectorales de 2010, la présidentielle d’octobre 2025 s’annonce comme un nouveau test pour la maturité démocratique ivoirienne. Au-delà de l’enjeu du pouvoir, c’est la crédibilité des institutions, la capacité du pays à éviter les fractures du passé et la stabilité régionale qui se jouent. La Cédéao, en y plaçant ses observateurs, envoie un signal fort sur l’importance d’un processus électoral apaisé et conforme aux standards démocratiques.