Le président ivoirien Alassane Ouattara a officialisé mardi 29 juillet sa candidature à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, briguant ainsi un quatrième mandat consécutif. À 83 ans, le chef de l’État sortant, au pouvoir depuis 2011, a justifié cette décision par les “défis sécuritaires, économiques et monétaires sans précédent” auxquels fait face le pays, estimant que sa gestion nécessite de l’expérience.
Dans une allocution filmée diffusée sur les réseaux sociaux, Alassane Ouattara a souligné que “la menace terroriste grandit dans la sous-région et les incertitudes économiques au niveau international constituent un risque” pour la Côte d’Ivoire. Le président sortant assure disposer de la “santé” nécessaire pour exercer un nouveau mandat qu’il présente comme “celui de la transmission générationnelle”. Il promet par ailleurs des élections “apaisées, démocratiques et transparentes”, alors que l’opposition conteste déjà le processus électoral, notamment suite au rejet de plusieurs candidatures, dont celles de Tidjane Thiam et de l’ancien président Laurent Gbagbo.
Cette candidature s’inscrit dans une continuité politique controversée. Élu une première fois en 2010 après une crise post-électorale majeure, Alassane Ouattara avait initialement promis de ne pas briguer de troisième mandat. Il avait pourtant rompu cet engagement en 2020, justifiant sa candidature par l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2016 qui, selon lui, remettait les compteurs à zéro. Cette interprétation avait déjà provoqué des tensions importantes et des violences pré-électorales qui avaient fait plusieurs dizaines de morts.
L’annonce d’Ouattara cristallise déjà les oppositions et laisse présager une campagne électorale tendue. L’opposition, qui dénonce une violation flagrante de la Constitution ivoirienne limitant le nombre de mandats présidentiels, multiplie les déclarations hostiles. Pascal Affi Nguessan du FPI qualifie cette “quatrième candidature aussi illégale que la troisième”, tandis que Guillaume Soro, en exil, accuse le président de fouler “les principes les plus élémentaires de la démocratie”. Ces tensions risquent de raviver les fractures politiques dans un pays encore marqué par les crises électorales passées.
Cette candidature ne surprend pas les observateurs de la scène politique ivoirienne. Depuis des mois, les cadres du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) martelaient qu’Alassane Ouattara était leur unique candidat. Le parti présidentiel l’avait officiellement désigné lors de son congrès du 21 juin au Parc des Expositions d’Abidjan. “Le RHDP ne pouvait prendre le risque d’un plan B à moins de trois mois du scrutin”, analyse le politologue Geoffroy-Julien Kouao.
Si les réactions enthousiastes des soutiens d’Ouattara ne se font pas attendre, avec le ministre Mamadou Touré remerciant le président d’avoir “répondu favorablement à l’appel des Ivoiriens”, l’opposition monte déjà au créneau. Le timing et la forme de l’annonce ont également surpris certains observateurs. “Comme on dit en Côte d’Ivoire, il est sorti dans dos sur la forme et sur le timing”, souligne le politologue Eddie Guipié, qui s’attendait à une annonce le 6 août, veille de la fête de l’Indépendance. Cette candidature place désormais la Côte d’Ivoire face à un nouveau test démocratique majeur, dans un contexte sous-régional déjà fragilisé par l’instabilité sécuritaire.