Une défense plus divisée que jamais, alors que le pacte de non-agression, conclu par les avocats au début de ce procès, n’a pas résisté au passage de « Toumba » à la barre, rapporte notre correspondant à Conakry, Matthias Raynal.
L’ancien aide de camp du chef de la junte a désigné Moussa Dadis Camara comme le donneur d’ordres, et Moussa Tiegboro Camara ainsi que Marcel Guilavogui comme les exécutants du massacre. Ce qui n’est pas du goût de leurs avocats, mais fait l’affaire des avocats des parties civiles: le face à face avec l’avocat de ce dernier a tourné au duel, ce lundi matin.
Durant plus de trois heures, Maître Salifou Béavogui tente de déstabiliser « Toumba ». Une pluie de questions s’abat sur l’accusé qui perd parfois son calme, mais reste fidèle à sa version. Il répond souvent à côté, se permet même des traits d’humour.
Alors qu’il affirme avoir croisé Marcel et ses hommes avant d’arriver au stade, l’avocat lui demande de décrire les forces que commandait le neveu de l’ex-chef d’État. « Toumba » répond : « Je n’étais pas en reportage ». Des rires résonnent dans la salle d’audience.
Plus sérieux, l’après-midi, « Toumba » se mure dans le silence. À l’interrogatoire de Maître Samory Traoré, avocat de Dadis Camara, ses réponses sont évasives. Lors de cette 12ᵉ journée d’audience, « Toumba » n’a pas fait de nouvelles révélations sur le massacre du stade Conakry.
Tout le monde en Guinée attend désormais la comparution de Moussa Dadis Camara.
« Un véritable problème de formation des avocats »
Mais ce qui retient aussi l’attention sur le contenu des débats, c’est le niveau jugé trop bas de la prestation de certains avocats, rapporte notre correspondant à Conakry, Mouctar Bah.
« Ce procès montre qu’il y a un véritable problème de formation des avocats. Je pense que tous ceux qui suivent ce procès ont pu faire leur remarque sur l’amateurisme des avocats », affirme Aliou Barry, politologue guinéen et activiste des droits de l’Homme qui suit de très près ce procès.
Il salue toutefois la maîtrise dont font montre les magistrats qui parviennent jusqu’à présent à préserver leur neutralité face aux différents protagonistes :
Mais, ce qui m’a le plus frappé, c’est quand même le niveau de formation des magistrats. Pour une fois, le choix a été bien fait, mais, par contre franchement le barreau guinéen doit aujourd’hui s’interroger sur le niveau de formation des avocats.
Le public grossit de jour en jour dans la salle d’audience, signe que le procès suscite l’intérêt des Guinéens. Certains n’hésitent pas à montrer leur approbation ou leur désapprobation bruyamment face aux questions des avocats.
Source: RFI