Le gouvernement québécois a décidé de suspendre le financement de plusieurs mesures de soutien destinées aux élèves immigrants et autochtones. Cette décision, confirmée par le ministère de l’Éducation, a suscité des critiques de la part des acteurs du milieu scolaire. Une quinzaine de programmes, notamment ceux visant à favoriser l’intégration et la réussite éducative, sont concernés à partir de l’année scolaire 2024-2025.
Ces aides, qui incluaient des initiatives telles que des voyages éducatifs ou des activités de sensibilisation, permettaient d’intégrer les élèves issus de l’immigration dans la société québécoise et de soutenir les communautés autochtones dans leur parcours scolaire. À Laval, des projets comme des visites à l’Assemblée nationale ou dans des musées sont désormais compromis. Les directeurs d’établissements, comme Nicolas Prévost de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE), expriment leur inquiétude face à ces retraits, soulignant leur impact direct sur les élèves vulnérables.
Cette décision intervient dans un contexte budgétaire difficile. Avec un déficit de 11 milliards de dollars, le gouvernement Legault a demandé au réseau de l’éducation de réduire ses dépenses de 200 millions. Bien que le premier ministre François Legault affirme que les budgets de l’éducation continuent d’augmenter, des compressions se font ressentir dans les services. Les centres de services scolaires ont déjà dû couper dans l’aide alimentaire, l’achat de livres et les sorties culturelles, accentuant les tensions dans le milieu éducatif.
Pour les experts, cette suspension des programmes risque d’aggraver les inégalités sociales et culturelles. Corina Borri-Anadon, professeure en sciences de l’éducation à l’UQTR, estime que ces mesures sont essentielles pour préparer les élèves à un avenir marqué par la réconciliation avec les peuples autochtones, la gestion de la crise climatique et la cohésion sociale. Leur mise sur pause soulève des interrogations quant à la priorité accordée à ces enjeux par le gouvernement.
La vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc, avait déjà dénoncé en novembre dernier le manque de soutien offert aux élèves autochtones. Elle relevait que ces élèves ne reçoivent pas d’accompagnement suffisant lors de leur transition entre les écoles de leurs communautés et celles du réseau québécois. Le soutien linguistique, notamment en français, reste également insuffisant, selon son rapport.
Alors que le gouvernement tente de justifier ses choix budgétaires, les critiques fusent. Nicolas Prévost déplore une gestion contradictoire, où les avancées en matière d’éducation sont suivies de reculs. Les milieux scolaires craignent que ces décisions n’hypothèquent l’avenir des jeunes, pourtant décrits comme la société de demain. Cette suspension des aides éducatives risque ainsi de laisser des séquelles durables sur l’intégration et la réussite des élèves les plus vulnérables.