L’ancien président congolais Joseph Kabila a annoncé, le 8 avril, son retour imminent en République Démocratique du Congo (RDC). Ce come-back intervient après plusieurs années de silence, notamment après son installation en Afrique du Sud en 2022, où il s’était retiré officiellement pour se concentrer sur des projets académiques. Dans une déclaration écrite, Kabila justifie son retour par la situation chaotique du pays, qu’il décrit comme étant « hors de contrôle » en raison de la dégradation sécuritaire et de l’effritement des institutions nationales.
L’ex-président évoque la nécessité de prendre des mesures face à l’aggravation de la crise sécuritaire à travers la RDC, particulièrement dans l’est du pays, où les conflits armés persistent et où les tensions sont exacerbées. Il annonce sa volonté de rentrer sans délai, bien qu’aucune date précise n’ait été communiquée. Des sources proches de Kabila indiquent que son retour pourrait avoir lieu dans les jours à venir, par le biais de l’est du pays, sans préciser la province exacte. Dans sa déclaration, il souligne avoir consulté de nombreux acteurs politiques et sociaux congolais et étrangers avant de prendre cette décision.
Le contexte de ce retour s’inscrit dans un climat de tensions politiques à Kinshasa. En effet, la RDC est plongée dans une crise sécuritaire et institutionnelle depuis plusieurs années, avec l’ampleur des conflits dans l’est, et des problèmes internes d’ordre politique, économique et social. Le gouvernement actuel de Félix Tshisekedi peine à endiguer la violence et à établir une stabilité durable, malgré le soutien international. Kabila, dont le mandat présidentiel a pris fin en 2019 après 18 ans de pouvoir, avait quitté la scène politique en 2021, mais son retour semble lié à l’évolution de la situation sécuritaire et politique du pays.
Les perspectives à venir se dessinent sur fond de méfiance et de rivalités. Le retour de Joseph Kabila pourrait marquer un tournant majeur dans la politique congolaise, d’autant plus qu’il intervient à un moment où la situation reste particulièrement tendue, avec une opinion publique partagée entre espoir et scepticisme. L’ancien président pourrait-il jouer un rôle modérateur dans la crise actuelle, ou son retour serait-il perçu comme un coup politique visant à regagner de l’influence ? L’avenir immédiat de la RDC pourrait se jouer en partie autour de ce retour stratégique.
Les observateurs se demandent également si Kabila pourrait soutenir des groupes armés comme l’AFC/M23, qui contestent l’autorité de Kinshasa dans l’est du pays. Bien qu’aucune annonce officielle n’ait été faite, l’entourage de Kabila a laissé entendre que des alliances politiques pourraient être envisagées, sans confirmer de manière explicite une collaboration avec ces groupes rebelles. Ce flou ajoute une dimension d’incertitude à son retour, qui pourrait avoir des implications tant sur le plan militaire que diplomatique.
Enfin, le retour de Joseph Kabila intervient quelques jours après que son parti, le PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie), a marqué sa rentrée politique. Le parti a refusé de participer aux consultations pour la formation d’un gouvernement d’union nationale proposées par le président Félix Tshisekedi. Ce rejet met en lumière l’opposition persistante de Kabila et de son parti au gouvernement actuel et pourrait refléter une volonté de réaffirmer son poids politique face à un pouvoir en place de plus en plus fragilisé.