Des réactions au remaniement du gouvernement, annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi 24 mars, se multiplient notamment à propos de la nomination de Jean-Pierre Bemba au poste de ministre de la Défense. Ex-chef de guerre, il avait été condamné à 18 ans de prison par la Cour pénale internationale pour crimes commis en Centrafrique avant d’être acquitté en appel. Ce choix du président Félix Tshisekedi suscite des réactions à Kinshasa, mais également dans l’est du pays confronté à une dégradation de la situation sécuritaire.
Pour certains, Jean-Pierre Bemba est l’homme de la situation : capable de mettre de l’ordre dans l’armée congolaise. La priorité est de bien gérer les hommes de troupes, estime Pépin Kavota président de la société civile de Beni. « Ça peut être un plus dans ce gouvernement au regard de l’histoire de notre pays. La société civile de Beni a toujours émis le vœu de voir que le centre d’intérêt soit axé sur les militaires des rangs. Nous trouverons que ces militaires ne sont pas bien pris en charge ».
Pour Gilly Gotabo, président de la société civile d’Irumu, en Ituri, le nouveau ministre de la Défense doit venir dans l’Est. « Nous, la population du Nord-Kivu et de l’Ituri, nous demandons que Jean-Pierre Bemba quitte Kinshasa et qu’il vienne s’installer à Goma ou à Bunia ».
Une nomination qui ne fait toutefois pas l’unanimité. Même si elle peut relever le moral des troupes, elle peut être vue comme un soutien à l’impunité, estime Dismas Kitenge président d’une ONG basée à Kisangani. « Cela risque d’être interprété par beaucoup de défenseurs des droits de l’homme comme si c’est l’impunité qui a été choisie. On n’a pas encore toute la lumière sur les crimes et l’implication de ses troupes, en tant que chef qui a commandé ces opérations, il y a encore une question de justice et de réparations ».
Cette semaine encore, une trentaine de villageois sont morts dans l’attaque de plusieurs villages dans la province de l’Ituri, dans le nord est du pays.