Les rebelles du M23, qui ont poursuivi mercredi leur avancée dans le nord du territoire du Rutshuru, devaient remettre ce jeudi le camp militaire de Rumangabo à des soldats de la force est-africaine (EAC) déployée sur place.
Le passage de témoin a été repoussé au vendredi 6 janvier. Selon des sources civiles, des éléments de la force est-africaine (EAC) sont bien arrivés mercredi 4 janvier dans le camp de Rumangabo pour évoquer les modalités de ce retrait. Depuis, des réunions sont en cours entre les rebelles et les militaires kényans.
Ce jeudi matin, des journalistes voulaient se rendre sur les lieux pour constater ce retrait, mais les soldats de l’EAC, la communauté est-africaine, s’y sont opposés. Ils ont avancé l’argument sécuritaire et ont donc expliqué aux médias qu’ils comptaient plutôt sécuriser la route nationale 2 (RN2), avant de les autoriser à accéder au camp militaire de Rumangabo.
Rumangabo, place militaire stratégique
Ce camp, considéré comme le plus grand de l’armée congolaise dans le Rutshuru, était tombé en quelques heures face à l’avancée du M23 en novembre 2022. La colline sur la laquelle il est situé est un des verrous sécuritaires pour cette RN2 qui est un des points de ravitaillement de la ville de Goma.
Des sources locales disent que le M23 ne s’était pas installé directement dans le camp, mais avait plutôt positionné des combattants à des postes d’observation et qu’il faudra vérifier si les rebelles se retirent de ces positions-là.
La société civile dubitative
Ce retrait annoncé n’a pas convaincu les membres de la société civile. « Ce sont des scénarios qui sont en train d’être joués », estime Gentil Karabuka, président de la société civile de Kisagari. Et pour preuve, il avance la situation à Kibumba, dont les rebelles sont sensés s’est retirés depuis le 23 décembre dernier.
« Il y a déjà deux semaines, ils ont dit qu’ils se retiré au niveau de Kibumba. Chose qui n’a pas été bien faite parce qu’après l’annonce du général kényans, néanmoins, ils ont constaté que finalement le M23 contrôlait encore la zone. Ce n’est pas une bonne situation », ajoute Gentil Karabuka.
Même impression pour Henri Mahano, président de la société civile de Rumangabo, qui évoque une façon de tromper la vigilance de la communauté internationale. D’ailleurs, ce responsable explique que les populations de Kibumba ne sont pas rentrées chez elles : « À Kibumba, depuis que le M23 a dit s’être retiré, la population a refusé d’y retourner. Certains habitants, quand on leur demande s’ils veulent rentrer nous disent qu’ils ne souhaitent pas être dans une zone contrôlée par l’EAC, la force est-africaine, ou par on ne sait qui encore. Ils préfèrent rester dans les zones contrôlées par les FARDC où ils se sent plus en sécurité. »
Les camps de déplacés à l’entrée de Goma sont donc toujours saturés et les conditions de vie des populations restent difficiles.