Les négociations directes entre le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, s’ouvriront le 18 mars sous l’égide du président angolais João Lourenço. Ces discussions marquent un tournant crucial dans le processus de résolution du conflit qui secoue l’est du pays, où les forces du M23 ont pris le contrôle de Goma et de Bukavu depuis janvier. L’opposition congolaise, unie sur ce dossier, soutient pleinement cette initiative et y voit une occasion décisive pour la paix et la stabilité.
Moïse Katumbi, leader de l’opposition, considère cette ouverture de négociations comme une « avancée décisive » dans la résolution du conflit. Selon lui, l’Angola joue un rôle de médiateur « fidèle, constant et impartial », capable de créer un cadre propice au dialogue entre Kinshasa et les groupes armés. Katumbi plaide également pour une réunion élargie, incluant non seulement les acteurs politiques, mais aussi la société civile et les représentants religieux, tels que les évêques catholiques et les pasteurs protestants. Cependant, il met en garde contre des accords précipités qui risqueraient d’engendrer une paix fragile et éphémère.
La situation dans l’est de la RDC est particulièrement complexe. Le M23, groupe rebelle principalement composé de Tutsis, s’est emparé de plusieurs zones stratégiques, alimentant une crise sécuritaire et humanitaire qui dure depuis plus de deux décennies. Cette guerre, d’une ampleur géopolitique certaine, est exacerbée par les accusations de soutien du Rwanda aux rebelles, une situation qui aggrave les tensions régionales. Dans ce contexte, la RDC fait face à des défis multiples : l’instabilité interne, les ingérences extérieures et une économie fragilisée par des décennies de conflits.
L’ouverture des négociations de Luanda pourrait offrir une chance de résoudre ce conflit endémique, selon les opposants congolais. Martin Fayulu, un autre leader politique de l’opposition, voit dans cette initiative une opportunité historique. Il souligne que l’action du président angolais « laissera une empreinte indélébile dans l’histoire de l’Afrique » et qu’elle pourrait permettre de traiter les causes profondes des crises politiques et sécuritaires récurrentes. Pour Fayulu, ces négociations doivent permettre de poser les bases d’une paix durable et de renforcer la stabilité de la RDC, un enjeu crucial pour l’avenir du pays.
L’initiative des évêques catholiques et des pasteurs protestants, qui préconisent un dialogue inclusif et sincère, est également saluée par les figures de l’opposition. Matata Mponyo, ancien Premier ministre, estime que la conjugaison des efforts des négociations de Luanda et de l’implication religieuse constitue « la seule voie appropriée » pour mettre un terme aux conflits récurrents qui déstabilisent la RDC. Selon lui, un tel dialogue pourrait permettre de traiter non seulement les questions sécuritaires, mais aussi les causes profondes des tensions politiques qui minent le pays depuis des décennies.
Bien que l’opposition congolaise se montre optimiste, elle reste consciente des défis à venir. Le chemin vers une paix véritable sera semé d’embûches, entre les divergences politiques internes et les enjeux géopolitiques régionaux. Toutefois, pour Katumbi, Fayulu et Matata Mponyo, ces négociations représentent un espoir tangible de voir la RDC sortir d’un cycle de violences qui semble sans fin. L’implication de l’Angola en tant que médiateur impartial pourrait être la clé pour amener toutes les parties à la table des négociations et poser les bases d’un avenir plus stable pour le pays.