Depuis le week-end dernier, plusieurs villes de la République démocratique du Congo (RDC) connaissent des coupures d’accès aux réseaux sociaux X et TikTok. Bien qu’aucune annonce officielle n’ait été faite, de nombreux observateurs estiment que cette mesure vise à empêcher la propagation de fausses informations sur la guerre dans l’Est du pays. Cependant, certains experts pensent que cette décision pourrait avoir l’effet inverse et compliquer la gestion de la crise par le gouvernement de Kinshasa.
Dimanche matin, Ange Kasongo, journaliste et responsable du site congolais de vérification des faits Balobaki, a constaté qu’elle ne pouvait plus accéder à X. En utilisant un VPN, elle a pu contourner le blocage. À Bukavu, Natasha Mingu Andréa, grande utilisatrice de TikTok, regrette de ne plus pouvoir voir ses vidéos préférées et se demande pourquoi une telle décision a été prise. Pour d’autres, comme Paulin Ndanda, vendeur de crédits téléphoniques, TikTok était une distraction qui l’aidait à oublier les tensions actuelles.
La coupure intervient alors que la situation est particulièrement tendue dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où des combats ont lieu. Selon l’observatoire indépendant NetBlocks, l’accès au Google Play Store a aussi été restreint, empêchant le téléchargement de VPN pour contourner le blocage. Officiellement, l’objectif serait d’éviter la diffusion d’informations trompeuses, mais cette mesure semble aussi montrer une volonté de contrôler davantage les flux d’information en ligne.
Qemal Affagnon, de l’ONG Internet sans Frontières, pense que cette interdiction pourrait aggraver la situation. Il explique que, lorsque l’information est bloquée, les rumeurs se propagent encore plus vite. Pour Ange Kasongo, l’impossibilité d’accéder à des sources fiables risque de rendre la population encore plus vulnérable aux fausses nouvelles qui circulent sur la guerre.
Jusqu’à présent, les autorités congolaises n’ont pas officiellement confirmé le blocage, mais certains membres du gouvernement le laissent entendre. Elie Mugisho, cadre du parti au pouvoir UDPS, explique que cette mesure fait partie des efforts pour contrer « l’ennemi rwandais » et que l’accès aux plateformes pourra être rétabli une fois la situation stabilisée. Cette déclaration laisse planer le doute sur la durée de cette restriction.
Si beaucoup de Congolais sont frustrés par cette situation, certains trouvent des aspects positifs. À Bukavu, certains habitants estiment que la coupure leur permet de moins dépenser en forfaits Internet. Mais dans l’ensemble, la population s’interroge sur l’impact réel de cette mesure et sur les véritables intentions du gouvernement.