Il y a un an jour pour jour, le 6 mai 2021, deux provinces de l’est de la République démocratique du Congo étaient placées sous état de siège. Cela pour sécuriser et en finir avec la centaine de groupes armés qui sèment la terreur dans la région depuis plus de 25 ans. Un an après l’instauration de ce régime sécuritaire exceptionnel qui donne les pleins pouvoirs aux militaires, la population et la société civile du Nord-Kivu et de l’Ituri attendent toujours les résultats.
Au centre du rond-point du cercle sportif de Goma, trône un nouvel écriteau : « Merci état de siège pour la sécurité », peut-on lire sous une statue à la gloire de l’armée congolaise. Si la capacité de nuisance des groupes armés est réduite, selon les FARDC, dans les rues la population n’a pas encore célébré de grandes victoires militaires, s’étonne un opposant à l’état de siège.
« Sous le plan opérationnel, nous ne voyons rien, vu qu’il n’y a pas d’offensive menée sur le terrain par nos forces armées, explique cet opposant, aujourd’hui à l’exil. Et on se demande pourquoi est-ce que l’armée joue seulement à la défensive. »
Depuis un an, les militaires régissent aussi la vie civile dans les deux provinces sous état de siège. Une gestion parfois aléatoire, dénonce Placide Nzilamba, de la société civile du Nord-Kivu :
« Ils se sont retrouvés avec un grand pouvoir sans être préparé. Les militaires, eux, comprennent que c’est leur occasion de faire ce qu’ils veulent, l’occasion de s’enrichir, l’occasion de plus vulnérabiliser la population. »
Plusieurs associations citoyennes réclament la levée de ce régime sécuritaire exceptionnel.
Car aujourd’hui, le bilan de ce régime sécuritaire est également contrasté : ces 12 derniers mois, il y a eu deux fois plus de civils tués que pendant les 12 mois précédents. Soit un total de plus de 2 500 victimes, précise Reagan Miviri, chercheur à Ebuteli, un institut de recherche congolais.