Les tensions entre les gouvernements du Mali et du Niger et les compagnies minières étrangères atteignent un point critique. Face aux blocages d’exportation et aux retraits de permis miniers, des groupes tels que Barrick Gold, Orano et GoviEx Uranium ont décidé de riposter par des procédures d’arbitrage international, dénonçant des pertes financières importantes et des pressions accrues.
Barrick Gold, le deuxième producteur mondial d’or, a annoncé la suspension imminente de la production dans sa mine de Loulo-Gounkoto au Mali, invoquant un blocage des exportations par le gouvernement malien. De son côté, Orano a engagé une procédure d’arbitrage contre le Niger après le retrait du permis d’exploitation de son projet d’uranium d’Imouraren, tandis que GoviEx Uranium a initié une action similaire concernant son projet Madaouela. Ces entreprises affirment avoir tenté sans succès des négociations avant de recourir à ces démarches judiciaires.
Les différends actuels reflètent une volonté des gouvernements militaires du Sahel d’accroître leur contrôle sur les ressources naturelles. Au Niger, les autorités accusent certaines compagnies de ne pas respecter les délais de développement imposés par le code minier. Orano et GoviEx, par exemple, ont tardé à exploiter leurs projets en raison de conditions de marché défavorables. Au Mali, l’enjeu diffère : les audits gouvernementaux de 2023 ont révélé des arriérés fiscaux estimés entre 300 et 600 milliards FCFA, mettant des entreprises comme Barrick sous pression.
Les procédures d’arbitrage initiées par les compagnies pourraient durer des années, selon Hamidou Dramé, avocat spécialisé en droit minier. Bien que ces démarches visent à protéger leurs intérêts et rassurer les investisseurs, elles pourraient être écourtées par des accords à l’amiable. Dans un tel scénario, les compagnies accepteraient de verser des indemnités pour régler les différends. Cependant, l’issue reste incertaine, et les tensions risquent de perdurer.
Les blocages actuels ont des conséquences majeures sur les populations locales. La suspension des activités minières affecte directement des milliers d’emplois et compromet les initiatives de développement communautaire. Barrick Gold, par exemple, a signalé que l’arrêt des exportations d’or impacte non seulement ses opérations, mais aussi l’économie locale et les nombreux prestataires qui dépendent de ses activités.
Ces conflits mettent en lumière des enjeux plus vastes liés à la gestion des ressources naturelles dans les États du Sahel. Tandis que les gouvernements cherchent à maximiser leurs retombées économiques, les compagnies minières insistent sur le respect des cadres légaux internationaux. Si des négociations à l’amiable semblent possibles, elles nécessiteront un dialogue ouvert et une volonté de compromis pour éviter des répercussions économiques et sociales durables.