Le Niger et les autorités de l’Est libyen, basées à Benghazi, continuent de resserrer leurs liens, une démarche vivement encouragée par Moscou. Le ministre nigérien de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Mohamed Boubacar Toumba, a récemment effectué une visite de travail de trois jours à Benghazi, le siège du pouvoir militaire et du gouvernement de l’Est libyen, non reconnu internationalement.
Au cours de cette visite, les deux ministres de l’Intérieur, Mohamed Boubacar Toumba pour le Niger et Issam Abou Zriba pour la Libye de l’Est, ont réactivé d’anciens accords sécuritaires bilatéraux. Ils ont également discuté des moyens de renforcer le contrôle des frontières par la mise en place de patrouilles mixtes. L’échange d’informations et de renseignements sécuritaires a aussi été au cœur des discussions, démontrant une volonté commune de lutter contre les menaces transfrontalières.
Ce rapprochement survient dans un contexte où le Niger, sous régime militaire depuis 2023, a récemment abrogé une loi contre les trafiquants de migrants, soulevant des inquiétudes en Libye et en Tunisie quant à un possible afflux de migrants subsahariens. En outre, un protocole d’accord pour la création de zones franches et de libre-échange près de la frontière commune a été signé, illustrant l’importance économique de cette coopération.
L’importance de ce rapprochement va au-delà des simples enjeux bilatéraux. Pour la Russie, ce partenariat avec deux de ses alliés africains prend une dimension stratégique, dans une région où elle cherche à s’imposer face aux puissances occidentales. L’implication croissante de Moscou dans cette zone stratégique s’accompagne d’une expansion militaire de l’armée nationale libyenne (ANL) dans le sud libyen, à la frontière avec le Tchad et le Niger.
Les perspectives de cette alliance sont multiples. Sur le plan sécuritaire, une coordination renforcée pourrait conduire à une meilleure gestion des frontières et à une réduction des activités illicites dans cette région instable. Économiquement, les zones de libre-échange envisagées pourraient stimuler les échanges entre les deux pays, tout en offrant à la Russie un levier supplémentaire pour asseoir son influence en Afrique.