Le 8 mai 2025, l’Assemblée nationale du Sénégal a voté une résolution de mise en accusation de cinq anciens ministres de l’ex-président Macky Sall. Ces derniers seront jugés par la Haute Cour de justice pour des accusations graves liées à la gestion des fonds destinés à la lutte contre la pandémie de Covid-19. Le procès, attendu sous peu, pourrait avoir de lourdes conséquences pour la politique sénégalaise.
Les cinq ministres mis en cause sont : Moustapha Diop, Amadou Mansour Faye, Aissatou Sophie Gladima, Salimata Diop et Ismaïla Madior Fall. Ces personnalités, qui ont servi sous la présidence de Macky Sall, sont accusées principalement de détournement de fonds. Les sommes en question proviennent du fonds “Force Covid-19”, destiné à soutenir les ménages et entreprises en difficulté pendant la crise sanitaire. Une partie de cet argent aurait été détournée pour des fins personnelles. Ismaïla Madior Fall, quant à lui, est également accusé de corruption.
L’initiative de juger ces anciens ministres fait suite à un rapport de la Cour des comptes publié en 2023, qui a révélé de nombreuses irrégularités dans l’utilisation des fonds alloués à la lutte contre la pandémie. En réponse à ces révélations, le parquet financier de Dakar a annoncé en avril 2025 sa volonté de poursuivre les responsables devant la justice. La mise en accusation de ces ministres fait suite à l’aval des députés, ce qui marque un tournant dans la gestion judiciaire des affaires de corruption au Sénégal.
La Haute Cour de justice, juridiction compétente pour juger les anciens ministres et chefs d’État, n’a été sollicitée que deux fois depuis l’indépendance du Sénégal en 1960. La première fois en 1963, pour juger l’ex-président du Conseil Mamadou Dia, et la seconde en 2005, pour l’ex-Premier ministre Idrissa Seck, qui a finalement été acquitté. L’ouverture de cette procédure marque donc un événement rare dans l’histoire judiciaire du pays.
La mise en accusation de ces anciens ministres soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir de la gouvernance au Sénégal. Si ces procès permettent de faire la lumière sur l’utilisation des fonds publics, ils pourraient également affecter l’image de l’ancien président Macky Sall, dont certains membres du gouvernement sont désormais sur la sellette. Les conséquences de cette affaire pourraient entraîner une remise en question de la gestion des ressources publiques pendant la crise sanitaire.
Cette procédure judiciaire pourrait également avoir des répercussions politiques importantes. Certains analystes estiment que ces enquêtes pourraient affaiblir l’ancien président Sall, dont l’héritage est désormais entaché par ces scandales. En outre, cette affaire pourrait raviver les débats sur la transparence et la gestion des fonds publics au Sénégal, un pays déjà confronté à des défis de gouvernance.