Les femmes représentent 30 à 50 % de la main-d’œuvre mondiale dans l’exploitation minière artisanale et à petite échelle (ASM), secteur qui fournit près du quart de la production d’or au Sénégal. L’amélioration des conditions des femmes dans l’ASM impacte donc directement la productivité du secteur.
Au Sénégal, les hommes actifs dans le secteur minier artisanal gagnent 1,5 fois plus que les femmes. C’est ce que révèle le réseau de femmes Women in Mining (WIM) Sénégal dans son rapport paru en janvier 2024 WIM Index, l’indice genre dans le secteur minier local.
Selon l’organisation regroupant des femmes travaillant dans le secteur minier au Sénégal, cette inégalité s’explique par la différence de tâches menées par les travailleurs des deux sexes. Contrairement aux hommes, les femmes sont limitées à des taches résiduelles et aux activités rappelant leurs tâches domestiques comme le balayage, le tamisage, le lavage et le filtrage à la recherche de résidus d’or. Ces tâches sont moins bien rémunérées que d’autres fonctions comme chef ou propriétaire de puits miniers, ou encore creuseurs.
« Elles ont du mal à avancer dans les rôles et responsabilités qui nécessitent du capital parce qu’elles dépensent le plus souvent les revenus tirés de l’orpaillage dans l’éducation des enfants et dans l’alimentation de la famille, contrairement aux hommes, plus enclins à investir une partie de leurs revenus dans des actifs physiques », ajoute le document, consulté par l’Agence Ecofin.
Selon une étude menée en 2018 par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement et les autorités sénégalaises, près de 50 % de la main-d’œuvre du secteur est pourtant constituée de femmes. L’inégalité de traitement qu’elles subissent peut donc directement impacter la productivité globale du secteur, qui représente près du quart de la production nationale d’or (près de 5 tonnes d’or contre 15 tonnes pour les mines industrielles d’après le ministère des Mines).
Selon Ege Tekinbas, conseillère en politiques, égalité de genre, au Forum intergouvernemental sur l’exploitation minière (IGF), la difficulté des femmes à accéder au financement et aux équipements miniers adéquats les oblige à utiliser des équipements rudimentaires qui peuvent réduire leur productivité.
Au-delà du secteur minier, la spécialiste note que la réduction des écarts de revenus et de productivité entre les sexes peut contribuer à réduire l’insécurité alimentaire ainsi que la pauvreté et les écarts en matière d’éducation. « De nombreuses études ont montré que les femmes ont tendance à consacrer leurs revenus à la nutrition de la famille et à l’éducation de leurs enfants. Par conséquent, investir dans les femmes, c’est investir dans notre avenir », ajoute Mme Tekinbas.