À l’occasion de la fête de la Tabaski, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a accordé une grâce présidentielle à 1 461 prisonniers. Cette mesure symbolique et politique, rendue publique le 8 juin, s’inscrit dans la tradition républicaine qui veut que le chef de l’État accorde régulièrement des remises de peine à l’occasion de grandes fêtes religieuses.
Selon le communiqué du service de presse de la présidence, cette décision vise principalement les détenus considérés comme « délinquants primaires », ceux présentant des garanties sérieuses de réinsertion, les personnes âgées ou gravement malades, ainsi que les mineurs. En agissant ainsi, le président offre « l’opportunité à ces citoyens de retrouver leurs familles et de se réinsérer dans la société ». L’accent est donc mis autant sur la clémence que sur la volonté de réduire durablement la récidive.
Les grâces présidentielles en période de fêtes religieuses sont courantes au Sénégal. Chaque année, plusieurs centaines de détenus sont ainsi libérés lors de la Tabaski ou du Mawlid. Mais dans le cas de Bassirou Diomaye Faye, récemment élu à la tête du pays, ce geste prend une dimension particulière. Il marque un premier signal d’apaisement et de rupture symbolique avec l’ère précédente, où plusieurs opposants avaient dénoncé l’instrumentalisation de la justice.
Si cette grâce s’inscrit dans une logique humanitaire, elle interroge également sur la politique carcérale que compte mettre en œuvre le nouveau pouvoir. Surpopulation des prisons, lenteurs judiciaires, absence de programmes de réinsertion : les défis sont nombreux. Cette libération massive pourrait ouvrir la voie à une réforme plus structurelle du système pénitentiaire, ou rester un geste ponctuel sans lendemain.
L’annonce a été bien reçue par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme qui y voient un geste salutaire. Toutefois, certaines voix réclament davantage de transparence dans les critères de sélection des bénéficiaires. D’autres attendent que la même volonté de justice s’applique aux cas encore pendants de prisonniers politiques ou d’opposants arrêtés durant les mois précédant l’élection présidentielle.