Le président du Kenya, William Ruto, était en visite officielle à Juba, capitale du Soudan du Sud, ce mercredi 6 novembre 2024. L’objectif principal de cette rencontre était de relancer les pourparlers de paix entre le gouvernement sud-soudanais et des groupes d’opposition non-signataires de l’accord de paix de 2018. Ce processus, connu sous le nom de “Tumaini” (“espoir” en kiswahili), avait été initié en mai 2024 par le président Ruto, suite à une demande de son homologue sud-soudanais, Salva Kiir.
Après quelques avancées significatives et la signature de neuf protocoles en juillet dernier, le processus Tumaini avait toutefois subi un coup d’arrêt majeur. Le vice-président sud-soudanais, Riek Machar, avait annoncé son retrait des négociations, illustrant les tensions persistantes avec le président Salva Kiir, malgré leur cohabitation dans un gouvernement d’unité mis en place dans le cadre de l’accord de paix de 2018. Cependant, la visite de Ruto à Juba semble avoir relancé l’espoir d’une reprise des discussions, notamment au Kenya.
Le contexte de la paix au Soudan du Sud demeure précaire. Depuis la signature de l’accord de paix de 2018, le pays peine à instaurer une stabilité politique durable. L’initiative Tumaini, proposée par William Ruto, a pour but de surmonter les différences encore vives entre les différentes factions. Néanmoins, certains acteurs craignent que ce processus ne fragilise l’accord précédent en remettant en question le partage du pouvoir qui y avait été défini.
Malgré ces difficultés, un signe d’espoir est apparu. Un communiqué commun, publié à l’issue de la visite de William Ruto, annonce la reprise du processus de médiation Tumaini dans un délai de deux semaines. Les images diffusées sur le compte X (ex-Twitter) de Ruto montrent le président kényan marchant côte à côte avec Salva Kiir et Riek Machar, un symbole puissant qui laisse entrevoir un compromis possible entre les deux leaders sud-soudanais.
Toutefois, l’incertitude persiste quant à l’avenir de ces pourparlers. Selon Daniel Akech Thiong, chercheur à l’International Crisis Group, même si Machar revient à la table des négociations à Nairobi, la voie vers un accord inclusif reste semée d’obstacles. L’un des principaux enjeux est de déterminer comment aligner l’accord de paix de 2018 avec les négociations initiées par le processus Tumaini, et surtout lequel de ces accords devra prédominer dans la feuille de route politique du Soudan du Sud.
En dépit des tensions et des obstacles, l’initiative Tumaini est considérée par beaucoup comme une chance de sortir de l’impasse actuelle. L’avenir du Soudan du Sud dépendra largement de la volonté des différentes parties à faire des concessions et à trouver un compromis durable. Dans un contexte marqué par des échecs répétés, la reprise de ces pourparlers pourrait marquer un tournant décisif, mais il reste à voir si les promesses faites à Juba se traduiront par des actions concrètes sur le terrain.
Glad that the parties involved in South Sudan's peace process have agreed to resume mediation in Nairobi to address outstanding issues. It is encouraging to see that the gaps between the government and opposition can be bridged, consequently paving the way for a new era of… pic.twitter.com/M5pwbpqC43
— William Samoei Ruto, PhD (@WilliamsRuto) November 6, 2024