Au cœur de la tourmente politique soudanaise, le général Hemedti, à la tête des Forces de soutien rapide (FSR), ambitionne de mettre en place un gouvernement parallèle à celui établi à Port-Soudan. Cette initiative vise à administrer directement les régions sous le contrôle des FSR, marquant ainsi une nouvelle étape dans la réorganisation du pouvoir au Soudan.
Le lancement officiel de cette proposition a eu lieu hier, mardi 18 février 2025, à Nairobi, au Kenya. Lors d’une réunion tenue au centre international de conférences Kenyatta, des centaines de participants – issus de la société civile, de partis politiques historiques et de divers groupes armés – se sont rassemblés pour soutenir la création de cette nouvelle entité étatique. L’initiative, baptisée « Alliance fondatrice du Soudan », entend mobiliser un ensemble d’acteurs désireux de faire émerger un ordre alternatif face aux violences qui secouent le pays.
Ce projet s’inscrit dans un contexte de crise prolongée, où le Soudan est marqué par des affrontements et des accusations de crimes de guerre, notamment au Darfour. Depuis début janvier, des organisations internationales et des ONG, aux côtés des États-Unis, ont pointé du doigt les FSR pour leur implication dans des bombardements visant des civils dans des villes telles que Nyala, El-Fasher et Kabkabiya. Ces événements tragiques témoignent d’une situation où la légitimité de l’autorité centrale est de plus en plus contestée.
Face à l’impasse sécuritaire et à la multiplication des violences, la mise en place de ce gouvernement parallèle ouvre la voie à d’importantes répercussions sur l’avenir du pays. En envisageant de créer une réalité de facto, les promoteurs de l’initiative espèrent ainsi fédérer les forces vives du Soudan pour instaurer un climat de paix et de sécurité. La signature prochaine d’une charte, prévue pour le vendredi 21 février au Kenya, devra poser les bases d’une nouvelle gouvernance, susceptible de redéfinir durablement les équilibres politiques régionaux.
Plusieurs figures politiques et de la société civile expriment leur espoir face à cette nouvelle configuration. Ahmed Abuzeid Ahmed, représentant du parti Oumma – l’une des plus anciennes formations du pays – insiste sur la nécessité d’un pouvoir capable de défendre les populations, particulièrement dans les zones en proie aux exactions. De même, Muhamad Ahmad Hassan, à la tête du gouvernement civil du Darfour du Sud, souligne l’urgence de mettre fin aux bombardements qui meurtrissent quotidiennement les civils, appelant ainsi à une réorganisation politique pour restaurer la paix.
Au-delà des témoignages, certains acteurs de la coalition de la société civile, dont le Mouvement pour la justice et l’égalité, voient dans cette initiative l’occasion de changer radicalement la stratégie politique. Pour Ahmed Tugod, secrétaire général de cette formation, l’objectif n’est pas de revendiquer une autorité légitime immédiatement, mais de créer une réalité concrète pour mieux dialoguer avec la communauté internationale. Ce mouvement, s’il parvient à fédérer l’ensemble des forces concernées, pourrait constituer un tournant décisif dans la quête d’une stabilité durable pour le Soudan.