Des informations récentes mettent à nouveau en lumière le rôle des Émirats arabes unis dans le conflit soudanais. Selon une enquête de l’agence de presse Reuters, une série de vols en provenance des Émirats ont atterri à Amdjarass, une ville tchadienne située à proximité de la frontière avec le Soudan, depuis le début de la guerre il y a 18 mois. Ces vols sont soupçonnés de transporter des armes destinées aux paramilitaires soudanais, les Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par le général Mohamed Hamdan Dagalo, alias Hemedti.
Au total, l’enquête révèle que 86 vols en provenance des Émirats ont été recensés à Amdjarass. Ces avions, principalement des cargos, ont été suivis grâce à l’analyse de données de vol et d’images satellites. Bien que les Émirats aient toujours nié toute implication dans des livraisons d’armements, en affirmant que ces vols visaient à transporter de l’aide humanitaire pour un hôpital de campagne, les Nations unies émettent de sérieux doutes. De plus, plusieurs des compagnies aériennes opérant ces vols sont déjà accusées par l’ONU d’avoir transporté des armes en violation des embargos internationaux, notamment vers la Libye.
Cette situation s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe et volatile. Le Soudan, plongé dans une guerre civile dévastatrice, voit ses voisins impliqués, souvent indirectement, dans le soutien à l’un ou l’autre des belligérants. Les Émirats arabes unis, en tant que puissances régionales, sont accusés de soutenir les paramilitaires des FSR, dont l’influence et la puissance militaire ont considérablement augmenté depuis le début du conflit. De son côté, le Tchad, bien que niant toute implication, est régulièrement pointé du doigt pour être un point de transit des armes vers le Soudan.
Les révélations actuelles risquent d’intensifier la pression sur les Émirats arabes unis, mais aussi sur le Tchad, dont le rôle dans le transit d’armements continue de soulever des interrogations. L’enquête pourrait mener à de nouvelles sanctions de la communauté internationale, notamment de l’ONU, déjà engagée dans la surveillance des embargos en Afrique du Nord et du Sahel. Si ces accusations s’avèrent fondées, elles risquent de compliquer les relations diplomatiques des Émirats avec plusieurs pays, dont ceux membres de l’Union africaine.
Le rôle des compagnies aériennes impliquées dans ces livraisons pourrait également devenir un point de discorde. Certaines de ces entreprises, basées au Kirghizstan et en Ukraine, ont déjà été accusées par l’ONU d’être responsables de transports d’armements à destination de la Libye, en violation des sanctions internationales. L’enquête pourrait ainsi s’élargir pour inclure ces sociétés, qui se trouvent au cœur d’une affaire internationale impliquant la violation d’embargos sur plusieurs fronts.
Le Tchad, bien que toujours démentant les accusations de transiter des armes vers les paramilitaires soudanais, joue un rôle central dans ce conflit régional. L’aéroport d’Amdjarass, situé à proximité de la frontière, a été un lieu stratégique pour de nombreuses livraisons en provenance de pays tiers, ce qui a compliqué le contrôle des flux d’armements. Tandis que le Tchad se défend, la situation au Soudan pourrait rester influencée par les acteurs extérieurs, dont les Émirats, et la communauté internationale devra suivre de près les prochaines évolutions sur le terrain.