Adam Idriss Déby Itno, en exil en Égypte depuis dix ans, a publié une lettre ouverte accusant son frère cadet, Mahamat Idriss Déby, président du Tchad, de conduire le pays vers la ruine. Cette attaque publique a suscité une réponse immédiate du président, qui, via un média proche du pouvoir, a qualifié son frère d’animé par la « haine » et la « jalousie ».
Dans sa lettre, Adam Déby relate sa solitude et son sentiment d’exclusion du clan familial. Il accuse Mahamat Déby d’imposer un régime autoritaire, laissant les Tchadiens face à un choix entre guerre civile et dictature. Le président tchadien, quant à lui, a répliqué en évoquant les tensions familiales nées d’une décision prise par leur défunt père, qui avait confié à Mahamat un rôle de premier plan dans la garde présidentielle, provoquant l’amertume d’Adam.
Cette querelle intervient dans un contexte où la famille Itno, autrefois unie sous l’autorité du président Idriss Déby père, peine à maintenir sa cohésion. Depuis le décès de ce dernier en 2021, la fratrie est marquée par des divisions profondes. Des membres ont pris des positions politiques divergentes, allant du soutien à l’opposition à la création de nouveaux partis, fragilisant l’unité de ce clan influent.
Cette querelle publique pourrait affaiblir davantage la légitimité du président Mahamat Déby, déjà confronté à des tensions politiques et sociales dans le pays. Les accusations d’autoritarisme, couplées à l’image d’une famille divisée, risquent d’alimenter les critiques, tant sur le plan national qu’international, contre un régime perçu comme de plus en plus isolé.
Pour les observateurs, cet affrontement familial dépasse la simple rivalité personnelle et reflète une crise de succession mal gérée après la disparition d’Idriss Déby père. Il met également en lumière les fragilités structurelles d’un régime fondé sur un équilibre familial et militaire désormais rompu.
Alors que le Tchad joue un rôle clé dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, cette querelle éclaire les défis internes qui menacent sa stabilité. Si les divisions familiales continuent de s’exposer sur la place publique, elles pourraient affaiblir davantage les institutions du pays et compromettre la gestion des crises politiques et sécuritaires.