Le 19 mars 2025, le président tchadien Mahamat Idriss Déby a effectué une nomination marquante en désignant son frère cadet, Daoussa Idriss Déby Itno, au poste de ministre secrétaire particulier de la présidence. Ce décret marque un renforcement du cercle familial autour du président et remplace Ahmed Kogri, dont la gestion a été jugée en fin de cycle. Une décision qui s’inscrit dans une série de réajustements au sein de l’appareil d’État tchadien.
Agé d’une trentaine d’années, Daoussa Idriss Déby Itno est décrit par ses proches comme un homme « discret, calme, posé et efficace ». Jusqu’à présent adjoint d’Ahmed Kogri, il avait déjà pris en charge plusieurs dossiers importants en lieu et place de ce dernier. Sa nomination reflète un tournant dans la gestion du pouvoir, où l’entourage du président se resserre autour d’une poignée de personnalités proches. Il occupe également le rang de ministre, une élévation significative après sa promotion au grade de général lors de l’accession au pouvoir de son frère en 2021.
Cette nomination intervient dans un contexte politique où la famille Déby occupe une place centrale au Tchad. Depuis la prise de pouvoir de Mahamat Idriss Déby, suite à la mort de son père, Idriss Déby Itno, en 2021, les membres de la famille ont consolidé leur emprise sur les institutions. Le pays, qui traverse une transition politique, voit ainsi se renforcer un système dynastique où des proches du président occupent des fonctions stratégiques. Ce phénomène n’est pas nouveau, puisque depuis plus de trois décennies, les Déby ont privilégié les membres de leur entourage familial pour les postes clés.
Cette nomination soulève des interrogations sur l’avenir politique du Tchad. L’essor de figures issues de l’entourage familial, tels que Daoussa Idriss Déby Itno, accentue la centralisation du pouvoir et réduit la place laissée aux dynamiques politiques plus larges. En concentrant plusieurs rôles clés entre les mains de ses proches, Mahamat Idriss Déby semble renforcer une gouvernance fondée sur la confiance familiale, avec des implications potentielles pour la stabilité et la diversité des décisions politiques à venir.
L’opposition politique, notamment à travers la voix d’Avocksouma Djona Atchénémou, président du Parti Les Démocrates, critique vivement cette consolidation du pouvoir au sein d’un cercle restreint et familial. Selon lui, cette évolution n’est que la continuation d’un modèle politique ancien, instauré sous le règne d’Idriss Déby père, où les décrets sont utilisés pour favoriser les proches au détriment de la diversité politique. Cette dynamique soulève la question de la démocratisation du Tchad et des limites d’un tel système, qui pourrait entretenir un climat de méfiance et d’isolement au sein de la société.
L’entourage de Mahamat Idriss Déby se resserre autour de trois figures principales. En plus de son frère Daoussa, le président compte parmi ses plus proches collaborateurs Ismaël Souleymane Lony, récemment promu ministre et directeur de l’Agence Nationale de Sécurité de l’État, et Abdelkerim Idriss Déby, son autre frère, désormais conseiller aux Affaires africaines et internationales. Ce trio d’hommes forts reflète une structure de pouvoir solidement ancrée dans les liens familiaux et personnels, qui pourrait bien façonner l’avenir politique du pays pour les années à venir.