Le président du Tchad, Mahamat Idriss Deby, a procédé à d’importants changements parmi les chefs des forces de sécurité et de défense. Dans un décret publié mercredi soir, plusieurs hauts responsables de l’armée, de la police et de la gendarmerie ont été remplacés ou renvoyés. Ces changements, les plus importants jusqu’à présent, surviennent alors que le pays fait face à une intensification des tensions politiques et des problèmes de sécurité.
Parmi les personnes touchées par ce remaniement, on trouve le numéro deux de l’état-major général de l’armée ainsi que des responsables de l’armée de terre, de la police, de la gendarmerie et de la Garde nationale. En tout, une vingtaine de généraux ont été concernés : certains ont été renvoyés, d’autres ont été remplacés. Ces décisions ont été prises juste après le retour du président Deby d’un voyage aux Émirats arabes unis, ce qui les rend encore plus soudaines et surprenantes.
Ces changements surviennent dans un contexte où la sécurité est de plus en plus précaire au Tchad. Ces dernières semaines, le pays a connu des tensions sur plusieurs fronts : la situation politique est instable et la sécurité s’est encore fragilisée à la suite de l’assassinat récent d’un général et de son fils à N’Djamena. Après cet incident, des mesures de sécurité supplémentaires ont été mises en place, avec des fouilles intensives pour retrouver des armes, ajoutant ainsi au climat de tension.
Certains observateurs estiment que ces changements font partie d’une stratégie du président Mahamat Idriss Deby pour renforcer son contrôle sur les forces de sécurité. En remplaçant des figures influentes, le président semble vouloir s’assurer de la loyauté des forces de sécurité, dans un contexte où les menaces, tant internes qu’externes, se multiplient. Le fait que ces limogeages se fassent sans explication officielle souligne également la nature centralisée et opaque du pouvoir.
Des analystes tchadiens affirment qu’il s’agit du plus grand remaniement depuis l’arrivée de Mahamat Idriss Deby au pouvoir, il y a un peu plus de trois ans. Ils y voient une tentative de consolider le pouvoir à un moment où l’équilibre politique est extrêmement fragile. Ces changements sont aussi perçus comme un message fort, aussi bien pour les opposants internes que pour les observateurs étrangers, confirmant la volonté du président de réorganiser les forces de sécurité.