Le procès d’Idriss Youssouf Boy, ancien directeur de cabinet du président tchadien Mahamat Idris Déby Itno, a débuté ce mardi 6 mai. Incarcéré depuis janvier à la suite d’une plainte pour escroquerie et détournement de fonds déposée par l’homme d’affaires About Hachim Bouder, ce procès revêt une importance particulière dans le contexte politique et économique du pays. Youssouf Boy est accusé d’avoir détourné plusieurs milliards de francs CFA, ce qui pourrait avoir des répercussions importantes tant pour lui que pour la famille présidentielle.
Les faits remontent à 2021, lorsque About Hachim Bouder, dirigeant de la société Hachim Business Center (HBC), accuse Youssouf Boy d’avoir réclamé plus de 10 milliards de francs CFA à la demande du président Mahamat Idris Déby. L’homme d’affaires, récemment bénéficiaire de contrats d’envergure avec l’État tchadien, affirme que cet argent devait être versé sous forme de pots-de-vin. En réponse, Youssouf Boy rejette ces accusations, bien qu’il reconnaisse avoir emprunté un milliard de francs CFA au plaignant pour la société « Tchad service ». Il nie toutefois avoir encaissé des fonds en dehors de cet accord et réfute toute implication dans un détournement.
L’affaire, hautement sensible, a conduit à la délocalisation de l’audience dans une salle restreinte des Renseignements généraux. Cette décision a été justifiée par la “sensibilité du dossier”, mais aussi par le risque de trouble à l’ordre public et la crainte de conflits entre deux puissantes familles d’affaires au Tchad. Ce procès intervient dans un climat politique tendu, où des accusations de corruption au plus haut niveau de l’État viennent secouer les institutions et les affaires publiques. Les relations entre le pouvoir et les entreprises privées sont au cœur de cette procédure.
Huit témoins ont été convoqués pour la journée du mercredi 7 mai, et leur témoignage pourrait être déterminant dans la suite de l’affaire. Selon les avocats des parties civiles, plusieurs témoins affirment avoir entendu Youssouf Boy reconnaître avoir reçu près de neuf milliards de francs CFA de la part de l’homme d’affaires. Ces déclarations viennent nourrir les accusations de détournement et ajoutent une pression supplémentaire sur le prévenu, qui a vu sa demande de liberté provisoire rejetée. L’audience se poursuit sous une surveillance accrue, et la tension monte autour des développements de cette affaire.
Le procès de Youssouf Boy pourrait avoir des implications importantes pour la politique et l’économie tchadiennes. Si les accusations sont confirmées, cela pourrait affecter la réputation de la famille Déby et sa gestion des affaires publiques. Ce procès, bien que discrètement mené, pourrait ouvrir la voie à une réévaluation des liens entre l’État et les entreprises privées, et à une réflexion sur la lutte contre la corruption au Tchad. Les observateurs se demandent si cette affaire ne sera pas un tournant dans la politique économique du pays.
Les témoignages qui seront recueillis dans les jours à venir pourraient éclairer davantage les relations entre les acteurs économiques et politiques du pays. Cette affaire soulève des questions cruciales sur l’intégrité des transactions publiques et privées au Tchad. En fonction de l’évolution du procès, le président Mahamat Idris Déby pourrait se retrouver sous une pression accrue pour clarifier la situation et répondre aux préoccupations relatives à la transparence et à la gouvernance. Les répercussions de ce procès pourraient marquer un tournant dans la gestion des affaires nationales et internationales du Tchad.