Dans une nouvelle étude, McKinsey évalue la manière dont les innovations récentes accélèrent l’accès aux transactions dématérialisées sur le continent.
Dans une récente étude, le cabinet de conseil McKinsey analyse les facteurs qui participent à la dématérialisation des paiements en Afrique. Les récentes évolutions du secteur (cryptomonnaies, mobile money, paiement en ligne) inondent le marché d’innovations et popularisent les transactions électroniques.
Bien que l’usage du cash soit encore largement dominant en Afrique, les revenus du marché du paiement électronique devraient, en moyenne, augmenter de 20 % par an, pour atteindre 40 milliards de dollars en 2025, selon le rapport. En 2020, l’industrie du e-paiement représentait déjà 24 milliards de dollars de chiffre d’affaires, avec des transactions via le mobile money qui atteignent des records.
Néanmoins, cette croissance sera inégalement répartie avec des régulations, des infrastructures et un taux de pénétration du e-commerce qui diffèrent selon les pays. « Il est vraisemblable qu’environ la moitié du chiffre d’affaires du e-paiement » viendra d’Égypte, du Ghana, du Kenya, du Nigeria et de l’Afrique du Sud, selon l’étude. Une part qui sera amenée à diminuer, avec l’ouverture progressive du marché à l’ensemble du continent.
Afflux d’investissements
Flutterwave, Yellow Card, Opay, Wave… Ces dernières années, les start-up de la fintech et les diverses solutions de paiements transfrontalières, rapides et peu chères, affluent sur le marché. Tandis que les banques traditionnelles et les régulateurs perdent du terrain, les entrepreneurs s’emparent du marché. En témoigne la destination des principaux investissements : les fonds privés se sont en effet pleinement engagés dans la numérisation des transactions avec, en 2021, plus de 60 % des investissements en capital-risque de 200 000 dollars et plus, levés par les fintech et leurs solutions disruptives.
Les portefeuilles numériques (wallets), qui permettent d’intégrer plusieurs devises monétaires sur un compte bancaire classique, ainsi que le mobile money sont celles qui s’installent de plus en plus dans le quotidien des Africains.
Selon l’association d’opérateurs télécoms GSMA, 697,7 milliards de dollars ont été échangés via des solutions de paiement mobile en Afrique subsaharienne l’année dernière, soit une hausse de 40 % par rapport à 2020. La région comptabilise près de 70 % du montant global des transactions enregistrées au cours de l’exercice écoulé, loin devant l’Asie du Sud (156,3 milliards de dollars).
Le rôle clé des régulateurs
Les opérateurs télécoms sont également identifiés comme des leviers de développement pour le secteur du e-paiement : en monétisant leurs bases de données d’utilisateurs, en accélérant les investissements dans l’innovation et en créant des circuits de transferts de fonds transfrontaliers.
À noter que l’étude met également en avant la place des régulateurs dans le développement du paiement électronique. Ceux-ci étant essentiels pour améliorer l’inclusion financière, tout en prenant des mesures pour réduire l’utilisation du paiement en espèces. À titre d’exemple, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a annoncé en avril dernier la création d’un Bureau de connaissance et de suivi des fintech, dans le but de promouvoir et de suivre les initiatives en faveur des innovations financières.
De même, l’arrivée du système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), toujours en cours de développement dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), contient un fort potentiel pour les paiements – numériques – transfrontaliers. Celui-ci devra alléger les contraintes de paiement de 50 pays, et dans 40 monnaies différentes.
Par Maureen Songne