L’Assemblée nationale du Togo a adopté, jeudi, un projet de loi prolongeant d’une année supplémentaire l’état d’urgence sécuritaire dans la région des Savanes, au nord du pays. Cette mesure, entrée en vigueur en 2022, a été renouvelée pour la quatrième fois, en raison de la persistance des menaces terroristes qui pèsent sur cette zone frontalière avec le Burkina Faso. Le gouvernement justifie cette prorogation comme une nécessité pour renforcer les actions sécuritaires et protéger les populations locales.
Le ministre de l’Administration territoriale, le colonel Hodabalo Awaté, a précisé que cette prolongation de l’état d’urgence permettra au gouvernement de prendre des mesures strictes pour neutraliser les groupes armés terroristes responsables des attaques dans la région. Ces groupes mènent une guerre asymétrique, perturbant la stabilité et la sécurité des populations des Savanes. La loi renforce les pouvoirs des autorités pour intervenir rapidement et efficacement contre les menaces, tout en sécurisant les biens et les citoyens de cette zone particulièrement vulnérable.
Le Togo, comme d’autres pays du Sahel, est confronté à l’expansion des groupes djihadistes, particulièrement dans ses régions frontalières. Depuis 2021, les Savanes, située dans l’extrême nord du pays, ont été le théâtre de plusieurs incursions de ces groupes armés. L’instabilité qui découle de cette situation met à l’épreuve les capacités de l’État à maintenir l’ordre et à assurer la sécurité dans une zone déjà fragilisée par des défis économiques et sociaux. Ces attaques ont engendré une montée en puissance des mesures de sécurité, notamment des restrictions de mouvement et des limitations sur certaines activités publiques, comme les célébrations après 20h00.
L’extension de l’état d’urgence a des répercussions directes sur la vie quotidienne des habitants de la région des Savanes. Outre les restrictions sur les rassemblements publics, comme les mariages et les veillées de prières, les autorités doivent désormais concilier la nécessité de maintenir l’ordre avec la gestion des besoins humanitaires des populations affectées. Les déplacés internes, souvent pris en étau entre les groupes armés et les forces de sécurité, se retrouvent dans une situation précaire, ce qui soulève des questions sur la capacité du gouvernement à répondre efficacement à cette crise.
La prolongation de l’état d’urgence permet au gouvernement de mieux contrôler la situation sécuritaire sur le terrain, mais les défis restent considérables. Les autorités togolaises, tout en consolidant leur réponse militaire, devront aussi œuvrer pour une solution politique et diplomatique afin de réduire les tensions dans cette région frontalière. À moyen terme, une meilleure coopération régionale pourrait s’avérer essentielle pour lutter contre la radicalisation et le recrutement de nouveaux membres au sein des groupes terroristes. Les perspectives de paix durable passeront également par une prise en compte des conditions de vie des populations locales, en particulier en matière de développement économique et de gouvernance.
Les habitants de la région des Savanes, souvent isolés et vulnérables face à cette situation, expriment un sentiment de méfiance et d’incertitude. Certains témoignent de leur difficulté à mener des activités quotidiennes normales, tandis que d’autres font état de leur inquiétude face à une militarisation accrue de leur environnement. “Nous vivons dans la peur, mais nous espérons que les autorités réussiront à restaurer la paix et la sécurité”, déclare un habitant de la région. Cette situation soulève des interrogations sur l’équilibre entre sécurité et liberté, et sur la capacité de l’État à protéger à la fois les droits des citoyens et leur sécurité physique.