La participation à l’élection présidentielle tunisienne du dimanche 6 octobre 2024 a été extrêmement faible, avec seulement 27,7% des électeurs qui se sont rendus aux urnes, contre 45% lors du premier tour de 2019. Environ 9,7 millions de Tunisiens étaient inscrits pour voter et avaient le choix entre le président sortant, Kaïs Saïed, et deux autres candidats : Zouhaïr Maghzaoui et Ayachi Zammel. Selon un sondage diffusé sur la télévision nationale, Kaïs Saïed semble être le grand gagnant avec plus de 89% des voix, bien que les résultats officiels de l’Isie soient toujours en attente.
Ce faible taux de participation représente le chiffre le plus bas jamais enregistré pour une élection présidentielle depuis l’instauration de la démocratie en Tunisie en 2011, illustrant ainsi une désaffection croissante des Tunisiens envers le processus électoral. Le président de l’Isie, Farouk Bouasker, a tout de même qualifié ce taux de “respectable”, malgré la baisse marquée par rapport à 2019. Certains électeurs ont expliqué qu’ils avaient voté pour Kaïs Saïed en raison de sa familiarité, déclarant : “Lui, au moins, on le connaît”, tandis que d’autres ont affirmé avoir voté par devoir civique.
Cette baisse de participation contraste fortement avec celle de l’élection présidentielle de 2014, où le taux de participation avait atteint 64% et où 27 candidats étaient en compétition. Cette année, le nombre de candidats était remarquablement faible, en partie en raison de plusieurs disqualifications survenues à la dernière minute. De nombreux observateurs estiment que le contexte de l’élection et les mesures prises ont favorisé Kaïs Saïed, donnant l’impression d’un manque de véritable concurrence.
Pour Kaïs Saïed, cette élection est cruciale, car elle lui permet de réaffirmer sa légitimité politique, même avec une participation en berne. Ce scrutin est également un test pour la démocratie tunisienne, qui semble éprouver des difficultés à maintenir l’engagement de ses citoyens dans la vie politique. Le faible taux de participation soulève des questions quant à la confiance du public envers les institutions politiques et la capacité du pays à avancer sur la voie démocratique.
Cette élection s’inscrit dans un climat politique tendu, caractérisé par des divisions profondes au sein de l’opposition. Certains partis ont appelé au boycott de l’élection, qualifiant le processus de “mascarade”, tandis que d’autres ont tenté de mobiliser leurs partisans pour faire barrage à Kaïs Saïed. Le caractère controversé de cette élection reflète une polarisation croissante de la scène politique tunisienne. Nous devrons attendre les résultats définitifs pour évaluer l’impact de ce scrutin sur l’équilibre politique du pays.