La tourmente judiciaire se poursuit pour le parti Ennahdha. Depuis plusieurs mois, le mouvement islamiste est dans le collimateur de la justice tunisienne. Cité dans plusieurs dossiers sensibles, le parti, qui était encore il y a peu la première force politique du pays, vit désormais au rythme des arrestations.
C’est le dernier épisode d’une longue série d’arrestations. Ali Larayedh, ancien Premier ministre tunisien, a de nouveau été arrêté en début de semaine. En septembre dernier, ce cadre d’Ennahdha, qui fut par ailleurs aussi ministre de l’Intérieur, avait déjà été placé en détention préventive avant d’être relâché.
Rached Ghannouchi, président du mouvement, quant à lui, a été entendu 6 fois et relâché à chaque fois. Le leader historique du parti devrait être à nouveau convoqué par la justice dès la semaine prochaine. En attendant, ses comptes ont été bloqués pour soupçons de blanchiment d’argent.
Mais les deux hommes sont surtout cités dans plusieurs dossiers relatifs à la sécurité intérieure du pays, et notamment dans l’affaire emblématique d’envoi de milliers de jihadistes tunisiens sur les terrains de guerre syriens, irakiens ou encore libyens au début des années 2010, du temps où le parti était aux affaires en Tunisie.
La justice les soupçonne aussi d’être derrière les assassinats des opposants Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, tous deux tués en plein Tunis en 2013.
« Il a des ressources »
Pris dans une tourmente judiciaire, le mouvement islamiste dénonce des accusations fantaisistes d’une justice qui serait, selon lui, aux ordres du président Kaïs Saïed qui dispose des pleins pouvoirs depuis un an et demi.
En retrait relatif depuis 2021, le parti aura-t-il la possibilité de revenir sur le devant de la scène politique tunisienne malgré tous ces scandales ? « Il ne va plus bénéficier de l’électorat au-delà de son noyau dur pour les années à venir mais il peut rebondir sous une autre forme. Il a des ressources », explique la militante tunisienne, Nadia Chaabane.
En terme de nombre et d’occupation du terrain politique, quasiment un tiers de l’électorat est Ennahdha. Au fil du temps et des élections, Ennahdha a perdu un grand nombre de ses électeurs et (le parti) est réduit aujourd’hui à son noyau dur.
RFI