En Tunisie, une nouvelle vague d’arrestation d’opposants au président du pays a débuté le 22 février 2023. Celle de Jawhar Ben Mbarek, l’un des principaux critiques de Kaïs Saïed, a été confirmée par ses proches ce 24 février.
En Tunisie, plusieurs avocats et proches ont fait part de l’arrestation le 22 février de deux nouveaux responsables politiques parmi les opposants au président du pays, Kaïs Saïed.
Une vague d’arrestation lancée depuis le début de l’année a déjà visé des personnalités politiques mais aussi d’anciens responsables sécuritaires, des magistrats, un journaliste et un syndicaliste de l’UGTT, la centrale syndicale.
Selon leurs avocats, les nouvelles personnes interpellées l’ont été dans le cadre de la loi antiterrorisme. Elles sont accusées de comploter contre la sécurité de l’État.
Il s’agit notamment d’Issam Chebbi, Secrétaire général du parti Al Joumhouri ou « Parti républicain ». Il est le frère d’Ahmed Néjib Chebbi qui dirige, lui, le Front de salut national (FSN), principale coalition d’opposition.
Selon ce dernier, Issam Chebbi a été interpellé chez lui, à Ariana, en banlieue tunisoise, par une vingtaine de policiers en civil. Son avocat, Amine Bouker, a affirmé à une radio locale que l’investigation et la fouille de sa maison n’ont obéi à aucune règle juridique.
Quant à Chaïma Issa, universitaire et militante des droits humains, elle est une figure emblématique du collectif « Citoyens contre le coup d’État » et membre du bureau politique du FSN. Avant son arrestation, elle a été poursuivie devant les juridictions militaires pour des infractions pénales « fantaisistes », selon son comité de soutien.
Jawhar Ben Mbarek également arrêté
Un autre membre dirigeant du FSN, Jawhar Ben Mbarek, a été poursuivi mais son arrestation n’a pas eu lieu mercredi. Il était absent à son domicile lors de la perquisition. Finalement, il a été arrêté ce vendredi 24 février, selon les déclarations de son père.
On reproche à ces trois personnalités d’avoir rencontré dans un café le militant politique Khayam Turki, déjà interpellé auparavant, et d’avoir comploté avec lui contre la sécurité de l’État.
Ils sont victimes de « représailles politiques » car « ils sont critiques vis-à-vis de la politique menée par le président », rétorquent leurs avocats.
Certains à Tunis considèrent que la situation est pire qu’au moment où le pays était dirigé par Zine el-Abidine Ben Ali (1987-2011). « La dictature de Ben Ali était rationnelle et là on est dans l’irrationalité. C’est sans limites », confie une voix opposante sous couvert d’anonymat.