Cortical Labs, une société australienne, vient de dévoiler une innovation majeure : le premier ordinateur hybride intégrant des neurones humains sur une puce en silicium. Ce système, baptisé CL1, fusionne des cellules cérébrales humaines cultivées en laboratoire avec une puce traditionnelle en silicium, marquant ainsi un tournant dans la recherche sur l’intelligence artificielle et les interfaces biologiques. Ce lancement a été révélé lors d’une conférence à Barcelone et pourrait potentiellement bouleverser la manière dont l’intelligence et les machines interagissent.
Le CL1 repose sur des réseaux neuronaux issus de cellules souches placées sur une puce en silicium. Ces neurones, baignés dans un milieu nutritif et protégés des microbes, interagissent avec la puce en répondant à des stimuli, apprenant au fur et à mesure des informations reçues. Ce processus d’apprentissage, semblable à celui du cerveau humain, permet aux neurones de se reconfigurer constamment, introduisant une forme d’intelligence biologique qui évolue avec le temps. Selon les créateurs, ce système pourrait bien devenir une alternative aux intelligences artificielles actuelles, souvent basées sur des calculs massifs et une quantité colossale de données.
Dans un monde où des entreprises comme Neuralink d’Elon Musk explorent l’interface cerveau-machine pour relier l’humain à la technologie, l’approche de Cortical Labs prend une direction inverse en cherchant à fusionner la biologie et la technologie dès les premières étapes. Ce choix marque une distinction importante, car l’entreprise ne cherche pas seulement à imiter l’intelligence humaine à travers des algorithmes, mais à intégrer des éléments biologiques vivants pour créer une intelligence plus proche de la nôtre. Cette démarche pourrait aussi marquer une avancée dans la recherche médicale, notamment pour les maladies neurologiques, en offrant un modèle plus proche du fonctionnement réel du cerveau.
Le CL1 pourrait avoir des applications bien au-delà des laboratoires de recherche. En permettant un apprentissage basé sur des données réduites, à l’image des processus cognitifs humains, cet ordinateur hybride pourrait avoir un impact considérable dans des domaines comme la médecine, la biotechnologie et la robotique. Par exemple, la possibilité d’étudier le comportement de neurones humains en laboratoire pourrait offrir de nouvelles pistes pour le traitement de maladies neurodégénératives telles qu’Alzheimer. Les chercheurs espèrent que cette technologie sera plus éthique et efficace que les tests traditionnels sur les animaux.
Le coût du CL1, estimé à 35 000 dollars par unité, est bien inférieur à celui des autres ordinateurs expérimentaux similaires, qui peuvent atteindre 80 000 dollars. De plus, cet ordinateur biologique nécessite peu d’énergie pour fonctionner, une caractéristique qui le distingue des intelligences artificielles traditionnelles, souvent énergivores. Cortical Labs se prépare à proposer ces modèles aux chercheurs d’ici la fin de l’année, espérant ainsi stimuler l’innovation dans des domaines aussi divers que la robotique, la médecine ou l’intelligence artificielle.
Brett Kagan, directeur scientifique de la société, qualifie cette technologie de véritable traversée de frontières, à mi-chemin entre l’intelligence artificielle et la biotechnologie. Il souligne que l’objectif de Cortical Labs n’est pas de remplacer les intelligences artificielles actuelles, mais de combiner les avantages de l’intelligence biologique et des technologies modernes. Avec un potentiel de personnalisation sans précédent, ce “cerveau” en boîte pourrait également servir à créer des intelligences robotiques ultra-personnalisées, capables de prendre des décisions complexes sur la base de peu de données, une capacité que les IA actuelles peinent encore à reproduire.