La 7e réunion mi-annuelle de coordination de l’Union africaine (UA) s’est ouverte ce dimanche 14 juillet à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale. Chefs d’État, représentants des Communautés économiques régionales (CER) et partenaires internationaux y participent, autour d’un thème politiquement fort : « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine par des réparations ».
Cette session met en avant un enjeu central : celui des réparations liées aux crimes historiques que sont la traite négrière transatlantique, le colonialisme, l’apartheid et les génocides perpétrés sur le continent. À travers cette initiative, l’UA entend faire de la question des réparations un pilier de justice et de dignité pour les peuples africains et leurs diasporas, longtemps marginalisés dans les débats internationaux sur la mémoire et la réparation.
L’engagement pour des réparations n’est pas nouveau. Dès sa création en 2002, l’Union africaine – dans la continuité de l’Organisation de l’unité africaine – a soutenu des démarches de reconnaissance des crimes coloniaux. Ce thème revient régulièrement dans les réunions ministérielles et lors des sommets, mais reste souvent cantonné à des déclarations symboliques. La réunion de Malabo veut franchir une étape, en posant les bases d’un programme commun africain sur les réparations, avec des revendications précises à adresser aux anciens États colonisateurs et aux institutions internationales.
Les discussions actuelles pourraient déboucher sur l’élaboration d’un mécanisme africain coordonné de plaidoyer, incluant un fonds continental dédié, des commissions d’experts et des partenariats avec les diasporas. L’objectif serait d’harmoniser les démarches nationales existantes (comme celles entreprises par le Nigeria ou l’Afrique du Sud) et de renforcer le poids de l’Afrique dans les forums multilatéraux où ces questions restent sous-traitées. Des voix s’élèvent pour que l’UA adopte une position ferme auprès des Nations unies, sur le modèle des revendications portées par les Caraïbes à travers la CARICOM.
Malgré l’unité de façade, le sujet divise encore au sein des États membres. Certains régimes rechignent à remettre en cause leurs anciens alliés occidentaux ou à rouvrir des dossiers sensibles sur leur propre rôle dans ces tragédies. D’autres soulignent l’urgence de prioriser des réparations concrètes : accès à l’éducation, développement technologique, souveraineté alimentaire. La question de la forme que doivent prendre ces réparations reste floue : compensation financière ? Excuses officielles ? Programmes de développement ? Le consensus est loin d’être acquis.
La pression vient aussi de l’extérieur. Les mouvements panafricains en Europe, aux États-Unis et en Amérique latine multiplient les campagnes pour des réparations concrètes. Ils s’appuient sur les mobilisations issues de Black Lives Matter et les débats mémoriels sur les monuments, les musées ou les restitutions d’objets d’art. L’UA tente ici de capter cette énergie pour renforcer sa légitimité et incarner un leadership sur ces sujets à l’échelle mondiale.