Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a rencontré Vladimir Poutine au Kremlin pour discuter de la situation en Ukraine, suscitant une vive polémique au sein de l’Union européenne (UE). Poutine a salué la visite d’Orban, le considérant comme un représentant de l’UE malgré les objections formelles de Bruxelles.
Lors de leur entretien, Vladimir Poutine a exprimé son appréciation pour la présence d’Orban, affirmant qu’il était venu en tant que “président du Conseil” de l’UE, un titre que Bruxelles conteste. Poutine a sollicité l’opinion d’Orban sur l’Ukraine ainsi que celle des partenaires européens, bien que l’UE ait déjà déclaré qu’Orban ne possédait aucun mandat pour représenter l’Europe.
Cette visite à Moscou intervient seulement trois jours après le premier déplacement d’Orban à Kiev depuis le début de l’offensive russe en février 2022. Selon le gouvernement hongrois, ce voyage s’inscrit dans le cadre d’une “mission de paix”. Orban a souligné la capacité unique de la Hongrie à dialoguer avec les deux camps du conflit, une position rare en Europe.
Les perspectives de cette rencontre suscitent des inquiétudes. Le Kremlin a affirmé que Budapest avait proposé cette visite un jour après celle d’Orban en Ukraine. Le gouvernement ukrainien a vivement critiqué cette démarche, rappelant que tout accord sur l’Ukraine devait inclure l’Ukraine elle-même. La diplomatie ukrainienne a réitéré son engagement envers une “paix juste” impliquant le retrait des troupes russes.
L’UE, par la voix de plusieurs de ses responsables, a rapidement réagi. Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, a précisé qu’Orban ne représentait en aucune façon l’UE. Charles Michel, président du Conseil européen, a également rappelé que la présidence tournante de l’UE n’avait pas le mandat pour engager des dialogues avec la Russie. L’OTAN, par l’intermédiaire de Jens Stoltenberg, a indiqué avoir été informée de la visite mais a précisé qu’Orban représentait uniquement la Hongrie.
Viktor Orban, connu pour sa position indulgente envers Moscou depuis le début du conflit, s’est présenté comme un “instrument au service de Dieu” et de la paix. Malgré les divergences sur la Russie, Budapest s’était engagée à assurer une présidence “normale” de l’UE, en mettant en avant sa vision de l’Europe et en agissant comme un médiateur impartial. Cette visite à Moscou pourrait cependant complexifier davantage les relations déjà tendues entre la Hongrie et ses partenaires européens.