Dans une atmosphère tendue à l’approche des élections présidentielles et parlementaires prévues le 23 août, le Zimbabwe retient son souffle. Emmerson Mnangagwa, le président sortant qui avait détrôné Robert Mugabe en 2017, se prépare à défendre sa position politique. Cependant, l’opposition se trouve entravée par des interdictions de rassemblements et des arrestations répétées. Un enjeu crucial pour ces élections est le fichier électoral, un sujet qui a déjà hanté les scrutins passés.
Cette semaine, la Haute cour de Harare a émis un refus cinglant envers la Coalition des citoyens pour le changement (CCC), un parti d’opposition dirigé par Nelson Chamisa. La demande d’accéder à la dernière version du fichier électoral a été jugée “non urgente” par le magistrat, malgré l’approche imminente des élections. Une précédente requête de rendre publique une version électronique du fichier avait également été rejetée plus tôt dans l’année, qualifiée de “document sensible” par la justice.
L’opposition dénonce avec véhémence cette décision, considérant qu’elle constitue une violation flagrante de la Constitution. Les craintes se multiplient quant à une éventuelle manipulation de la liste électorale dans le but de fausser les résultats. Lorsqu’une première version du fichier a été mise à disposition, de nombreux électeurs ont constaté l’absence de leur nom ou leur déplacement vers des bureaux de vote éloignés. Les militants de l’association Team Pachedu ont également signalé de nombreuses anomalies, telles que des numéros d’identité associés à des noms différents par rapport aux fichiers antérieurs. Ces irrégularités mettent en évidence une possible faille administrative ou une stratégie délibérée.
L’organisation Human Rights Watch souligne que ces éléments remettent en question la crédibilité, la liberté et l’équité du processus électoral. La Coalition des citoyens pour le changement (CCC) n’abandonne pas et continue de faire appel à la justice pour obtenir l’accès au fichier électoral final. Parallèlement, le parti s’indigne des anomalies constatées dans le vote par correspondance des policiers, qui a débuté cette semaine. Des témoignages affirment que des agents ont été contraints de voter en présence de leurs supérieurs, suscitant des doutes sur la transparence du scrutin.
À quelques jours seulement des élections cruciales, le Zimbabwe demeure en proie à l’incertitude et à la controverse. L’opposition bataille pour obtenir l’accès au fichier électoral, affirmant que la transparence et l’intégrité du processus sont en jeu. Tandis que le président sortant, Emmerson Mnangagwa, s’efforce de maintenir sa position, les craintes persistent quant à la manipulation des résultats et à la validité du scrutin. La scène politique du pays est plongée dans une tension palpable, et l’issue des élections reste à déterminer.