Alors que le nombre de migrants arrivés en Italie a plus que triplé depuis le début de l’année en comparaison avec la même période de 2022, Rome estime que ces flux migratoires « provoqués » font partie de la stratégie de « guerre hybride » du groupe Wagner contre les pays soutenant l’Ukraine.
Le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto (photo), a accusé, lundi 13 mars, le groupe paramilitaire russe Wagner d’être à l’origine de l’augmentation du nombre des migrants africains qui traversent la Méditerranée pour rallier les côtes européennes.
« Je pense qu’il est désormais possible d’affirmer que l’augmentation exponentielle du phénomène migratoire au départ des côtes africaines fait partie, dans une mesure non négligeable, d’une stratégie claire de guerre hybride que le groupe Wagner met en œuvre, en utilisant son poids considérable dans certains pays africains », a-t-il déclaré.
M. Crosetto a également demandé l’aide de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et de l’Union européenne (UE) pour faire face à un nouvel afflux de migrants « provoqué par l’ingérence de la Russie en Afrique» et visant à provoquer une crise dans les pays qui soutiennent l’Ukraine.
« Après avoir réalisé que les cyberattaques faisaient partie de la confrontation mondiale que la guerre en Ukraine a ouverte, l’UE et l’OTAN devraient maintenant comprendre que le flanc sud de l’Europe devient également plus dangereux chaque jour », a-t-il lancé.
« L’Alliance atlantique devient plus forte si les problèmes découlant des choix collectifs sont également partagés, mais elle court le risque de se fissurer si les pays les plus exposés à des représailles de toutes sortes sont laissés seuls », a ajouté le ministre italien, notant que « l’immigration incontrôlée et continue » pourrait amener les plus exposés à ce phénomène à « revoir leurs choix géostratégiques ».
Selon les données du ministère italien de l’Intérieur, quelque 20 000 migrants clandestins sont arrivés en Italie depuis le début de l’année en cours, contre 6 100 au cours de la même période de 2022.
Cette hausse du nombre des migrants représente un problème majeur pour le gouvernement de la Première ministre italienne Giorgia Meloni, qui a été élue sur un programme résolument anti-immigration.
Le patron du groupe Wagner, Yevgeny Prigozhin, a cependant nié être à l’origine de la hausse des flux des migrants africains qui rallient les côtes européennes à bord d’embarcations de fortune depuis les côtes de certains pays d’Afrique du Nord, dont la Libye et la Tunisie.
« Nous n’avons aucune idée de ce qui se passe avec la crise des migrants, nous ne nous en préoccupons pas », a-t-il précisé dans un message vocal posté sur sa chaîne Telegram.
Selon plusieurs responsables occidentaux et des ONG, Wagner opère dans plusieurs pays africains, dont le Mali, la République centrafricaine et la Libye.