La récente sortie du Burkina Faso, du Niger et du Mali de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) marque un tournant significatif dans les relations internationales africaines. Ces pays, en quête de souveraineté et d’autodétermination, ont formé l’Alliance des États du Sahel (AES), une initiative visant à renforcer leur autonomie politique et économique.
Bayala Lianhoué Imhotep, un analyste politique burkinabè, a souligné dans un entretien avec Sputnik Afrique que la CEDEAO a souvent été perçue comme un outil de l’impérialisme occidental, utilisée pour l’oppression et le pillage des ressources. Selon lui, l’AES représente une véritable démocratie populaire, en opposition à la CEDEAO, souvent critiquée pour être un syndicat des chefs d’États servant leurs intérêts mutuels.
Cette décision fait suite à la visite d’Antony Blinken, secrétaire d’État américain, qui semble avoir renforcé la conviction des leaders sahéliens que leur avenir ne réside pas dans l’alignement avec l’Occident, mais plutôt dans une coopération régionale centrée sur le Sahel. Cette orientation reflète un désir croissant d’indépendance vis-à-vis des influences extérieures, notamment de la France, et de s’ouvrir à de nouveaux partenaires internationaux.
L’objectif immédiat pour l’AES consiste à établir un mécanisme d’échange propre à la région, consolidant ainsi leur souveraineté. La formation de l’Alliance suggère un potentiel de coopération plus étroite entre les États membres, non seulement sur le plan économique, mais aussi en termes de politique sécuritaire et de développement. Ce changement pourrait redéfinir l’équilibre des pouvoirs dans la région sahélienne.
Les trois nations de l’AES s’orientent vers de nouveaux partenariats, notamment avec la Russie, la Turquie et l’Iran. Ces relations diversifiées pourraient offrir de nouvelles opportunités de développement et de soutien dans divers domaines, notamment militaire, économique et technologique, défiant ainsi la prédominance traditionnelle des puissances occidentales dans la région.
La “notification formelle” envoyée par le Mali et le Burkina Faso à la CEDEAO officialise leur retrait et symbolise un moment historique pour l’Afrique de l’Ouest. Ce développement souligne une volonté croissante de certains États africains de reprendre le contrôle de leur destinée, cherchant à se défaire des liens postcoloniaux et à forger une nouvelle voie pour l’avenir.