Depuis 24 heures, le député Haroun Bouazzi de Québec solidaire (QS) est au centre d’une vive controverse concernant ses propos sur le racisme allégué à l’Assemblée nationale. L’élu de la circonscription de Maurice-Richard défend sa position et affirme que ses paroles ont été « déformées ». Interrogé vendredi sur les ondes de l’émission “Tout un matin” d’ICI Première, Bouazzi a insisté qu’il n’avait jamais traité quiconque de raciste.
La polémique a été déclenchée par une chronique parue dans le Journal de Montréal, qui a mis en lumière un discours prononcé par Bouazzi lors d’un gala organisé par la Fondation Club Avenir. Ce discours a suscité de vives réactions, tant du public que des politiciens. Bouazzi y dénonçait ce qu’il appelle la « construction de l’autre » au sein de l’Assemblée nationale, évoquant le traitement réservé aux communautés maghrébines, musulmanes, noires et autochtones. Ces déclarations ont rapidement été critiquées, y compris par ses propres porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois et Ruba Ghazal, qui ont qualifié les propos de maladroits et exagérés.
Cette controverse s’inscrit dans un contexte où les tensions sur les questions de racisme et d’intégration des communautés immigrantes sont exacerbées au Québec. Ces dernières années, plusieurs déclarations de figures politiques ont ravivé le débat sur le traitement des immigrants et des minorités, illustrant la fracture qui persiste dans la société québécoise sur ces sujets. Bouazzi a rappelé que ces dynamiques étaient présentes au sein même des institutions publiques, accusant certaines formations politiques, notamment la CAQ et le Parti québécois, de trop souvent blâmer les immigrants pour les problèmes sociaux.
En refusant de s’excuser malgré la controverse, Haroun Bouazzi maintient son intention de « faire de la pédagogie » sur la manière dont certaines perceptions raciales sont construites. Cette position, bien que critiquée par plusieurs, lui a aussi valu du soutien parmi ceux qui estiment que les débats sur le racisme doivent être menés de manière plus franche au sein des institutions. La situation pourrait néanmoins nuire à l’image de Québec solidaire, d’autant que cette affaire éclate à la veille d’un congrès spécial sur les statuts du parti, durant lequel Ruba Ghazal sera officiellement désignée comme porte-parole féminine.
Le ministre Lionel Carmant, visé indirectement par les propos de Bouazzi, a rapidement réagi, rejetant toute accusation de racisme. Se définissant comme « fier Québécois d’origine haïtienne », Carmant a demandé des mesures immédiates de la part de Québec solidaire. De son côté, Bouazzi a insisté sur la nécessité de dénoncer les discours qui stigmatisent les nouveaux arrivants, rappelant que certains propos passés, notamment ceux de Jean Boulet, avaient déjà suscité la polémique quant à leur connotation discriminatoire.
Cette situation place Québec solidaire dans une position délicate, entre la nécessité de soutenir l’un des leurs tout en désamorçant une polémique susceptible de ternir leur image. L’appel à des mesures contre Bouazzi, formulé par le ministre Carmant, pourrait forcer QS à clarifier sa position et à prendre des décisions lors de leur congrès. La polémique pourrait également compromettre le couronnement de Ruba Ghazal en tant que nouvelle porte-parole féminine, le week-end s’annonçant crucial pour l’avenir du parti sur ces questions.